Alors, beur, dâoĂč ça vient ? Ben beur, câest le verlan de, arabe. Alors tu vas me dire, mais non â Non ! â Non, mais parce quâen fait, arabe en verlan ça faisait, be ara, be ara. â Oui. â Et en fait, on a sorti la fin et ça faisait beur. Donc en fait, beur câest le verlan de, arabe â Et ils ont sorti un A aussi alors.
Bonsoir c'est amine de rabat La musique est une belle chose. encore mieux celui qui la compose. seul reste d'une extrĂȘme importance, le fait de bien choisir les sujets de ses compositions et bien Ă©videmment les termes qui y sont utilisĂ©. la
Etfais entendre aux hommes ce que tu veux quâon te dise Ă toi-mĂȘme. Les hommes, pour la plupart, sont comme le loup : tu en fais ton compagnon, puis lorsquâil a compris Ta faiblesse, cela
Jordanieâ roadtrip de 8 jours. Tu as 8 jours devant toi ? Alors file en Jordanie. On te fournit lâitinĂ©raire complet et tous les trucs et astuces. Enjoy ami voyageur !
ilfaut voir tout ça en arabe car si tu remplace "LI" par "A" ou ''POUR ça marche pas dans tout les temps car en arabe il ya beaucoup de logique et une algorithme qui fais que tu peu pas faire une erreur parce que ta pas appris toutes les conjugaisons de toutes les mot par cœur Wallah A3lam . RĂ©pondre. Shadowmaster On n'a rien sans rien. Bladinaute averti. 16
RegardezComme tu fais on te fera - GenerationIslam sur Dailymotion. Recherche. BibliothÚque. Se connecter. S'inscrire. Regarder en plein écran. il y a 10 ans. Comme tu fais on te fera. GenerationIslam. Suivre. il y a 10 ans. Signaler. Vidéos à découvrir
cxSW4. Ă part AllĂąh, personne ne te sera utile... Tu mourras seul ! Tu seras enterrĂ© seul ! Tu seras questionnĂ© seul dans ta tombe ! Tu seras ramenĂ© Ă la vie seul ! Tu seras ressuscitĂ© seul ! Tu seras prĂ©sentĂ© seul Ă ton Seigneur ! Tu traverseras la SirÄt le pont seul ! Et si AllĂąh dĂ©cide de te faire entrer au paradis, tu seras retenu seul sur Al-Qantarah portion du SirÄt qui conduit au Paradis. Tu entreras au Paradis seul, ou tu seras chĂątiĂ© en Enfer seul. Personne ne sera chĂątiĂ© Ă ta place ! Endosse donc ta responsabilitĂ© ! La vie n'est pas faite pour les pitreries. Il n'y a pas de temps pour les pitreries et autres badineries ! La vie est un nombre de secondes limitĂ©es donc il faut profiter ! Prends l'exemple d'une personne que tu considĂšres comme raisonnĂ©e. Cette personne marche sur un chemin, et elle y aperçoit une perle et un crottin. Elle dĂ©cide alors de ramasser le crottin et elle laisse la perle . VoilĂ une personne insensĂ©e ! Un moment que tu laisses passer en toute indiffĂ©rence dans cette vie d'ici-bas sera telle une malle vide le Jour de la RĂ©surrection. Que dieu alors si la malle renferme ce qui te portera prĂ©judice ? L'homme prononce parfois une parole - Ă laquelle il n'accorde aucune importance- qui provoque le DĂ©sagrĂ©ment d'AllĂąh et qui le prĂ©cipitera en Enfer d'une distance plus importante que celle sĂ©parant le ciel de la terre. L'homme dit parfois une parole- Ă laquelle il n'accorde aucune importance- qui fait rire son assemblĂ©e, AllĂąh l'accable alors de Son dĂ©sagrĂ©ment jusqu'au jour oĂč il le rencontrera ! Et l'inverse pour ce qui provoque l'agrĂ©ment divin . La vie est dure, une Ă©preuve, elle n'est pas faite pour badiner ou jouer ! MĂ©dite ta situation, et garde Ă l'esprit ce qu'Ă dit ton ProphĂšte Ű”ÙÙ Ű§ÙÙÙ ŰčÙÙÙ ÙŰłÙÙ
"Concentre tes efforts sur ce qui te sera profitable !" Si les pitreries te seront profitables, fais-en... Si les badineries te seront profitables, fais-en aussi... Si perdre ton temps te sera profitable, perds ton temps... Ă condition que cela te soit profitable ! Par contre, si cela te portera prĂ©judice et te sera nuisible... Si cela n'est ni en ta faveur, ni en ta dĂ©faveur, c'est un moindre mal ! Beaucoup des gens perdent leur temps dans des choses inutiles, ils ne respectent fondamentalement pas le temps ! Un jour, 'Ämir Ibn 'Abd-AlqaĂŻs faisait son chemin, un homme l'interpella alors et lui dit "Je voulais te dire un mot." Il lui rĂ©pondit "Non, mĂȘme pas une moitiĂ© mot !" L'homme dit "ArrĂȘte-toi que je te parle voyons !" 'Ämir lui assĂ©na alors "Retiens le soleil !" C'est-Ă -dire ArrĂȘte le temps pour qu'il ne s'Ă©coule plus, ainsi, le temps que je perdrai avec toi ne sera ni en ma faveur ni en ma dĂ©faveur, mais toi, tu me fais perdre mon temps, il lui a donc dit "Retiens le soleil !" Perds le temps comme bon te semble ! Ce sont tes affaires ! Mais ne fais pas perdre aux autres leur temps ! Crains AllĂąh ! Sois sĂ©rieux et digne ! Ne sois pas plaisantin, facĂ©tieux ou sot ! Un jour, un homme Abd-AllĂąh Ibn Bousr vint voir le ProphĂšte Ű”ÙÙ Ű§ÙÙÙ ŰčÙÙÙ ÙŰłÙÙ
et lui dit "Messager d'AllĂąh, les prescriptions de l'Islam sont devenues trop nombreuses pour moi, indique-moi une oeuvre inclusive Ă laquelle je marcherai aisĂ©ment..." Le ProphĂšte Ű”ÙÙ Ű§ÙÙÙ ŰčÙÙÙ ÙŰłÙÙ
lui a alors indiquĂ© une oeuvre qui, en apparence, n'a aucune importance chez beaucoup du musulmans "Que ta langue ne cesse d'ĂȘtre humide par l'Ă©vocation d'Allah !" Fais du "Dhikr" chaque seconde, fais du "TasbÄ«h", tu en auras besoin le Jour de la RĂ©surrection ! Tu auras besoin de la moindre bonne action afin qu'elle fasse pencher ta balance ! Sinon, ceux dont les bonnes et les mauvaises actions sont parfaitement identiques, seront immobilisĂ©s sur Al-A'rÄf les Murailles jusqu'Ă ce qu'AllĂąh - Seigneur des mondes- juge toutes les crĂ©atures et que les gens du Paradis et de l'Enfer prennent place dans leur demeure respective. Ce n'est qu'ensuite que le Tout-Puissant, le Grand Pardonneur, fera entrer les gens d'Al-A'rÄf dans son Paradis par Sa MisĂ©ricorde. Il n'y a pas plus misĂ©ricordieux que Lui ! Par contre, si les bonnes et les mauvaises actions ne sont pas identiques les mauvaises actions sont supĂ©rieures, cela conduira Ă une condamnation en Enfer, sauf si AllĂąh dĂ©cide de faire misĂ©ricorde. Tu auras donc besoin de la moindre bonne action ! Tu courras derriĂšre ton pĂšre le Jour de la RĂ©surrection ! Toi ! Je suis en train de te dire Toi ! Je ne suis pas en train de te dire c'est quelqu'un d'autre qui courra derriĂšre ton pĂšre ! Toi, tu courras derriĂšre ton pĂšre sur les plaines du Jugement Dernier. Tu lui diras "Cher pĂšre ! Comment Ă©tait-je avec toi ?" Il rĂ©pondra "Tu Ă©tais un fils exemplaire !" Tu lui diras alors "Je te demande aujourd'hui une seule bonne action." Il te rĂ©torquera "Non ! Ce qui t'effraye aujourd'hui m'effraye aussi !" Ton pĂšre courra aprĂšs toi ! Il te dira "Comment Ă©tais-je avec toi ?" Tu lui rĂ©pondras "Tu Ă©tais un pĂšre formidable !" Il te dira alors "Aujourd'hui, j'ai besoin que tu me fasses don d'une seule bonne action." Tu rĂ©pondras "Jamais ! Ce qui t'effraye aujourd'hui m'effraye aussi !" Pareil pour ta mĂšre, ta soeur ! La responsabilitĂ© est individuel ! Ne perds pas ton temps ! Ne perds pas ta vie ! Tu n'es qu'une suite de respiration ! Ă chaque fois qu'une respiration s'en va, c'est une partie de toi qui s'en va ! Comme l'a dit HÄssan Al-BasrĂź ۱ŰÙ
Ù Ű§ÙÙÙ "Fils d'Adam ! Tu n'es qu'une suite de respiration ! Ă chaque fois qu'une respiration s'en va c'est une partie de toi qui s'en va !" Autrement dit, tu te rapproches de ta tombe d'un pas ! Chaque jour qui s'Ă©coule te rapproche de ta tombe d'un pas ! Ton temps de vie est limitĂ©, du dĂ©but Ă la fin. Il n'augmentera pas, comme il ne diminuera pas, mais il est limitĂ© ! Allah seul connait sa fin ! Ni moi, ni toi, ni n'importe quelle autre crĂ©ature ne connaĂźt sa fin ! Allah Seul la connaĂźt ! Quand aura lieu cette fin ? Tu ne sais pas... Elle pourrait arriver de suite, dans un instant, ou un peu prĂšs... Dans une heure, ou deux heure... Peut-ĂȘtre plus tard... Et moi aussi j'y parviendrai mĂȘme s'il elle venait Ă tarder ! Nous avons vu des gens dĂ©passĂ© le centenaire, et ensuite ils sont morts ! Quelle Ă©tait alors la suite ? Ils sont passĂ©s aux oubliettes ! Tes proches ne te seront d'aucune utilitĂ© ! Ils t'oublieront ! Tes propres fils t'oublieront ! Ils ne parleront mĂȘme plus de toi ! Ils se dĂ©lecteront de ton hĂ©ritage que tu leur auras laissĂ©, composĂ© de biens illicites, ambiguĂ«s, usurpĂ©s, issus de la corruption ou de tout autre bien mal acquis... Ils s'en dĂ©lecteront et toi, tu feras face au chĂątiment. RĂ©veille-toi ! Il n'y a pas de temps Ă perdre... â
Traduit et publiĂ© par la chaĂźne Telegram - Ceci est notre croyance - ceci_est_notre_croyance Cheikh Muhammad SaâĂźd RaslĂąn - ۧÙŰŽÙŰź Ù
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RĂ©sumĂ© Index Plan Texte Notes Citation Auteur RĂ©sumĂ© Lâarticle retrace lâhistoire de la naissance du théùtre en Ăgypte, en Syrie et au Liban, le théùtre moderne Ă©tant une importation rĂ©cente dans le monde arabe. Les auteurs arabes modernes sâinspirent du patrimoine littĂ©raire mĂ©diĂ©val, en particulier lâĂąge dâor qui sâĂ©tend du VIIIe au XIVe siĂšcle, et ont recours aux textes mĂ©diĂ©vaux qui ne sont pas connus de tous, mais qui vĂ©hiculent des codes spontanĂ©ment dĂ©chiffrĂ©s par le public. Lâutilisation du passĂ© mĂ©diĂ©val fournit de fĂ©condes comparaisons sur la valeur documentaire, historique ou politique des piĂšces, entre lâĂgypte de Tawfiq al-HakĂźm et la Syrie de Saadallah Wannous, dans une tentative pour lĂ©gitimer le théùtre Ă lâoccidentale par un questionnement de type identitaire. Haut de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Texte intĂ©gral Lâauteur remercie vivement Marie-HĂ©lĂšne Avril pour la lecture de ce travail. 1 Nous transcrivons de maniĂšre simple les noms et les mots arabes que lâon ne trouve pas dans les di ... 2 Livre dâun grand intĂ©rĂȘt historique et littĂ©raire. Le dayr nâĂ©tait pas seulement un lieu de piĂ©tĂ© ... 3 Al-ChĂąbuchtĂź, al-DiyĂąrĂąt Les Couvents, Beyrouth, DĂąr al-rĂąâid al-ÌarabĂź, 1986, p. 187-188. 1Le théùtre dans sa forme occidentale est une importation rĂ©cente dans le monde arabe. Mais il existe diffĂ©rentes formes de théùtralitĂ© dont la plus importante est de loin le khayÄl al-zill silhouette de lâombre1. Al-ChĂąbuchtĂź mort probablement en Ăgypte Ă la fin du Xe siĂšcle rapporte dans son livre al-DiyĂąrĂąt Les Couvents chrĂ©tiens2 lâhistoire dâune altercation entre un poĂšte nommĂ© Daâbal et âAbbĂąda, le fils dâun cuisinier du khalife abbasside al-MaâmĂ»n. Le poĂšte a lancĂ© Ă âAbbĂąda Je vais Ă©crire une satire contre toi ». âAbbĂąda lui rĂ©pondit Si vraiment tu le fais, je sortirai ta mĂšre dans lâombre »3. 4 La description que fait Pierre Loti du spectacle des karagöz en 1879, tel quâil lâa vu en Turquie, ... 2Il voulait dire quâil la mettrait en scĂšne dans son spectacle du théùtre dâombres », de maniĂšre Ă en faire la risĂ©e des spectateurs. Historiquement, câest le plus ancien passage qui mentionne cet art dans la littĂ©rature arabe. Avec les Ottomans, ce théùtre Ă©voluera au Moyen-Orient sous la forme des marionnettes des karagöz4 â ou encore sous la forme de la lanterne magique » sundĂ»q al-âajĂąâib â qui serviront jusquâĂ une date trĂšs rĂ©cente Ă Ă©gayer les soirĂ©es du Ramadan et Ă accompagner diffĂ©rentes fĂȘtes et cĂ©rĂ©monies. 3Une autre forme de théùtralitĂ© courait dans les grandes anthologies du savoir littĂ©raire et linguistique de lâĂąge mĂ©diĂ©val arabe il sâagit de ces grands conteurs et humoristes qui se donnaient en spectacle sur les places publiques de lâĂ©poque. CâĂ©taient des virtuoses dâune Ă©tonnante polyvalence. Ils pouvaient aussi bien raconter lâinterminable histoire du couple âAntar et âAbla que lâhistoire merveilleuse du voyage nocturne du prophĂšte Mohammad. Mais ils ne manquaient jamais lâoccasion dâĂ©mailler leur spectacle de passages comiques, lesquels Ă©taient finalement leur domaine de prĂ©dilection. Jahiz raconte dans son livre-phare al-BayĂąn wa al-tabyĂźn lâart et le style de ces humoristes 5 Un quartier de Bagdad. 6 al-BayĂąn wa al-tabyĂźn, AbdessalĂąm HĂąrĂ»n Ă©d., Beyrouth, DĂąr al-jĂźl, t. I, p. 69-70. Nous trouvons parmi ces gens des imitateurs capables de reproduire Ă la perfection lâaccent des habitants du YĂ©men. Ils reproduisent de la mĂȘme maniĂšre lâaccent du Khurasanien, de lâAhwazien, de lâAfricain, du Sindien, ainsi que celui des autres ethnies, tant et si bien quâon le trouve plus naturel quâeux⊠Lorsquâils imitent lâaveugle, ils le font grĂące Ă des mimiques quâils impriment Ă leur visage, Ă leurs yeux et Ă leurs membres, si parfaitement que tu pourrais rĂ©unir dix aveugles sans en trouver un seul qui ferait tout cela. On dirait quâil a rĂ©uni toutes les particularitĂ©s des aveugles en un DabbĂ»ba le Noir al-zinjß⊠se mettait Ă cĂŽtĂ© du loueur dâĂąnes Ă la porte du Karkh5, et commençait Ă braire, et tous les Ăąnes, quâils soient malades, vieux ou fatiguĂ©s, de se mettre Ă braire⊠Il rĂ©unissait en une seule forme tout ce qui constitue le braiment dâun ĂąneâŠ6 4Texte fondamental, surtout dans sa premiĂšre partie, il dĂ©crit en quelque sorte la théùtralitĂ© arabe in statu nascendi. Bien plus, il nous dit dâoĂč ces comĂ©diens avant la lettre, capables Ă tout moment de crĂ©er le spectacle, tiraient la matiĂšre premiĂšre de leur art. 7 On ne peut pas toutes les Ă©numĂ©rer ici. Chaque pays arabe peut parler de sa propre théùtralitĂ©. On ... 8 Dans LâAleph, Paris, Gallimard, LâImaginaire, 1967, p. 117-130. 5Ces formes de théùtralitĂ© vont se rĂ©pandre et se dĂ©velopper dans tout le monde arabe7, mais jamais elles nâaboutiront Ă un théùtre proprement dit. Jusquâau milieu du XIXe siĂšcle, les Arabes ignorent le théùtre âĂ la grecqueâ ou tel quâil sera dĂ©veloppĂ© en Europe, dans sa dimension profane et littĂ©raire, Ă partir du XVIIe siĂšcle. Le Moyen Ăge arabe a traduit et acclimatĂ© la plupart des productions philosophiques et scientifiques grecques. Si cette Ă©poque, qui commence Ă la fin du VIIe siĂšcle, est appelĂ©e Ăąge dâor » par les Arabes, câest en partie grĂące Ă tout le mouvement de traduction et dâassimilation de cet hĂ©ritage grec. Ils en ont mĂȘme transmis une copie revue et corrigĂ©e Ă lâOccident latin. Mais ni le théùtre ni la poĂ©sie ne font partie de ce mouvement de traduction. On comprend pourquoi la poĂ©sie grecque nâa pas Ă©tĂ© traduite les Arabes estimaient que la leur Ă©tait inĂ©galable. Quant au théùtre, ils ignoraient ce que câĂ©tait. Dans un petit rĂ©cit fictionnel intitulĂ© La QuĂȘte dâAverroĂšs8, J. L. BorgĂšs montre le philosophe andalou Ă©prouvant toutes les peines du monde Ă comprendre les mots tragĂ©die » et comĂ©die » quâil trouve au dĂ©but de la PoĂ©tique dâAristote. Il faut dire quâAverroĂšs, qui ne connaissait pas le grec, travaillait en effet sur une traduction de la traduction, car la PoĂ©tique a Ă©tĂ© traduite en arabe Ă partir dâune traduction syriaque de lâoriginal grec. Une premiĂšre lecture de cette traduction montre Ă quel point on ignorait tout du théùtre. Tout ce qui relĂšve de lâart de la scĂšne dans le texte dâAristote â personnage, acteur, rhapsode, spectacle â Ă©tait mal compris, et donc approximativement ou mal traduit. Lâexemple des mots âtragĂ©dieâ et âcomĂ©dieâ est criant. Ils sont en effet traduits respectivement par hijĂąâ satire et madĂźáž„ panĂ©gyrique. Mais comment peut-on traduire ce que lâon ignore, sinon en le dĂ©formant pour le ramener vers ce que lâon connaĂźt bien ? Le hijĂąâ et madĂźáž„ sont en effet deux genres poĂ©tiques majeurs qui dominaient la production poĂ©tique arabe classique, mais qui nâavaient aucun rapport avec lâactivitĂ© scĂ©nique. 9 On peut cependant ouvrir des pistes de discussion. Nâoublions pas que le théùtre grec est liĂ© Ă Di ... 6Pourquoi les Arabes nâont-ils pas connu cet art et ignoraient-ils tout de son histoire ? Nous ne pouvons rĂ©pondre ici Ă cette question, car elle mĂ©rite Ă elle seule toute une recherche9. Par contre, la question qui intĂ©resse notre propos est la suivante quelles sont les stratĂ©gies mises en place pour intĂ©resser un public, arabe en lâoccurrence, Ă un art qui ne fait pas partie de son patrimoine culturel ? Câest la question que se posent les gens de théùtre depuis le milieu du XIXe siĂšcle, date de lâintroduction de cet art dans le monde arabe. Les dĂ©buts 7La piĂšce qui signe la naissance du théùtre arabe est LâAvare de MoliĂšre, réécrite et mise en scĂšne par MĂąrĂ»n al-NaqqĂąch 1817-1855 en 1847 Ă Beyrouth. Dâautres piĂšces du mĂȘme genre suivront. Dans lâensemble, il sâagit dâune transposition pure et simple des spectacles auxquels ces pionniers du théùtre arabe â M. al-NaqqĂąch, Ahmad AbĂ» KhalĂźl al-QabbĂąnĂź 1833-1902, YaâqĂ»b SannĂ»â 1839-1912, etc. â ont assistĂ© Ă Paris, Ă Londres ou Ă Rome. Il ne leur vient pas encore Ă lâesprit de se poser de questions Ă propos des conditions de rĂ©ussite de cet art. Ils nâinterrogent pas non plus lâhistoire des arts du spectacle en Occident, ni leur ancrage dans la sociĂ©tĂ©, ni la maniĂšre dont ils ont abouti Ă des figures telles que MoliĂšre ou Shakespeare. Le fait que cet art rĂ©ussisse en Occident moderne et civilisĂ© » leur suffit pour considĂ©rer quâil faut lâintroduire en Orient, oĂč il pourra devenir un bon outil de promotion de la rĂ©forme, de lâinstruction et du progrĂšs. Nâoublions pas que, dans cette rĂ©gion du monde, nous vivons encore sous le choc provoquĂ© par la campagne de NapolĂ©on en Ăgypte, dont les consĂ©quences immĂ©diates ont permis aux Arabes de prendre conscience de leur retard historique », ainsi que de la prospĂ©ritĂ© et du progrĂšs de lâEurope. Lâirruption de la modernitĂ© occidentale donne lieu Ă deux rĂ©actions contradictoires qui ne vont cesser de sâaffronter et de se rapprocher, de se haĂŻr et se rĂ©concilier rĂ©gler ses pas sur ceux de lâOccident, ou le rejeter complĂštement. Pour les pionniers du théùtre, les choses sont claires lâOrient arabe doit faire partie de lâOccident civilisĂ© », il faut quâil adopte par consĂ©quent ses arts, dont le plus rĂ©ussi est le théùtre, câest la meilleure maniĂšre de sâapproprier sa force. 8Les annĂ©es passent⊠et lâon se rend compte que ce corps Ă©tranger nâarrive pas Ă sâacclimater dans ce nouvel environnement, que lâenthousiasme de ces pionniers pour lâimplanter et le faire vivre ne suffit pas. On nâarrive pas Ă intĂ©resser le public autant quâon lâaurait souhaitĂ©. Câest alors que les vraies questions, quâon a si longtemps Ă©ludĂ©es, Ă©mergent et quâon se rend peu Ă peu compte que la cause du théùtre mĂ©rite mieux quâune simple transposition. Pour favoriser lâĂ©mergence dâun public acquis Ă cet art, il faut lui parler son langage et sâinscrire dans son imaginaire. Bref, il faut utiliser une mĂ©moire commune et partagĂ©e. DâoĂč ce retour aux textes mĂ©diĂ©vaux qui, certes, ne sont pas connus de tous, mais qui vĂ©hiculent des codes spontanĂ©ment dĂ©chiffrĂ©s par le public. 9Quels sont ces textes mĂ©diĂ©vaux appelĂ©s Ă la rescousse pour aider ce âcorps Ă©trangerâ Ă survivre et, pourquoi pas, Ă sâenraciner dans la culture arabe ? De quoi est faite cette mĂ©moire commune qui va permettre de lui trouver une place honorable parmi les arts du spectacle dĂ©jĂ existants ? 10 Il est certain quâun mouvement tel que la Nahda arabe est le rĂ©sultat dâun processus beaucoup plus ... 10Nous venons de dire que nous Ă©tions encore Ă cette Ă©poque sous le choc produit par la campagne de NapolĂ©on⊠Il y a bien plus. LâOrient arabe est de plus en plus sensible au discours de la Nahda la Renaissance arabe, câest-Ă -dire Ă ce discours initiĂ© Ă lâorigine par deux rĂ©formistes religieux â JamĂąl al-DĂźn al-AfgĂąnĂź ob. 1897 et Muhammad âAbduh 1849-190510 â et dont le fin mot est la rĂ©novation » ou le renouveau » al-tajdĂźd qui sâoppose au conformisme imitatif al-taqlĂźd. Ce mouvement de renouveau va sâĂ©tendre Ă tous les domaines de la vie en sâappuyant sur deux idĂ©es motrices rĂ©habiliter le passĂ© et tirer profit du progrĂšs de lâOccident. 11 Les limites que nous donnons Ă cette pĂ©riode â que lâon peut qualifier aussi de âclassiqueâ â peuv ... 11ArrĂȘtons-nous sur lâidĂ©e de rĂ©habiliter le passĂ© », puisque câest elle qui intĂ©resse notre propos au premier chef le passĂ© Ă rĂ©habiliter est celui qui a fait la grandeur de la civilisation arabe. Il correspond grosso modo Ă une pĂ©riode qui va du VIIIe au XIVe siĂšcle11. La plupart des textes que le théùtre arabe va investir relĂšvent de cet Ăąge dâor, ou y font rĂ©fĂ©rence. Lâensemble de ces textes â dont certains viennent juste dâĂȘtre imprimĂ©s par des pionniers de la Nahda â, ainsi que la tradition qui sây attache, est ce que les Arabes nomment turĂąth. Un mot trĂšs complexe et difficile Ă traduire de façon pleinement satisfaisante. Bien que la racine de ce mot renvoie Ă la notion dââhĂ©ritageâ, le terme de âpatrimoineâ ne suffit pas Ă rendre la charge affective et idĂ©ologique dont turĂąth est porteur dans la culture arabe. Si la civilisation occidentale, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, a rĂ©ussi une coupure Ă©pistĂ©mologique avec son patrimoine culturel grec et latin et si, par consĂ©quent, lâhomme occidental a créé vis-Ă -vis de sa tradition culturelle suffisamment de distance pour pouvoir en ĂȘtre le spectateur, le turĂąth de lâhomme arabe est un tout qui continue Ă vivre en lui. Dans le domaine arabe, une coupure avec le turĂąth que nous pourrons de temps en temps traduire par âpatrimoine culturelâ ou âpatrimoine littĂ©raire mĂ©diĂ©valâ, faute de mieux nâest pas Ă lâordre du jour, pour la simple raison quâil est considĂ©rĂ©, en particulier depuis la Nahda, comme lâexpression de lâidentitĂ© culturelle. Mais ne pas couper avec le turĂąth ne veut pas dire le figer ou le fĂ©tichiser, tout dĂ©pend en fin de compte de la maniĂšre dont on âhabite la traditionâ. 12On comprend par consĂ©quent pourquoi les pionniers du théùtre arabe cherchent Ă donner un nouvel Ă©lan Ă cet art importĂ©, qui sâinscrit entiĂšrement dans le patrimoine culturel de lâAutre lâOccident et nâa aucune chance de prospĂ©rer sâil ne sâagit que dâune simple transposition, dâautant plus que lâimage que lâon se fait de cet Autre â progrĂšs, justice, libertĂ© â se ternit au contact dâune rĂ©alitĂ© bien Ă©loignĂ©e de ces idĂ©aux lâexpansionnisme, la colonisation qui bafouent les droits nationaux et marginalisent de facto lâidentitĂ© culturelle des peuples. 12 Il sâagit du conte de AyyĂ»b le marchand, de son fils GhĂąnim et de sa fille Fitna que lâon peut lir ... 13Ă Damas, Abou KhalĂźl al-QabbĂąnĂź va chercher dans les textes mĂ©diĂ©vaux lâinspiration pour ses piĂšces de théùtre. Il Ă©crit une piĂšce inspirĂ©e des Mille et une Nuits12 et loue le âCasino italienâ pour la faire jouer. Le succĂšs est immĂ©diat et Ă©tonne al-QabbĂąnĂź lui-mĂȘme. Le fait de mettre en scĂšne une histoire qui âparle le langageâ de ce nouveau spectateur arabe nâassure pas complĂštement lâenracinement du théùtre dans la culture arabe, mais le met sur la bonne voie. Les religieux sentent le danger et mettent en garde les autoritĂ©s contre les consĂ©quences de cette innovation blĂąmable bidâa. LâamitiĂ© avec le gouverneur de la Sublime Porte sauve al-QabbĂąnĂź, mais pas pour longtemps. 13 Voir supra le texte du Jahiz. Le hakawĂątĂź conteur raconte la vie des hĂ©ros du passĂ©, mais il peu ... 14Le succĂšs de la piĂšce dâal-QabbĂąnĂź crĂ©e un engouement pour le patrimoine et les textes mĂ©diĂ©vaux arabes. Câest ce qui le pousse Ă plus de recherches dans le patrimoine culturel arabe, et il prĂ©sente tour Ă tour des Ćuvres dont les personnages principaux Antara, Sayf ibn dhi Yazan, Muhalhal Ibn RabĂźâa⊠sont les hĂ©ros de gestes arabes mĂ©diĂ©vales. Il nâhĂ©sitera pas Ă Ă©mailler ses piĂšces de chants populaires et des traditions des HakawĂątĂź et des Muqallid connues du monde arabe au moins depuis le VIIIe siĂšcle13. La jeunesse damascĂšne le suit et cherche Ă sâapproprier cet art nouveau qui est certes occidental, mais qui peut facilement accueillir toute sa tradition culturelle, si on lui fournit les textes adĂ©quats. Malheureusement, les gestionnaires du sacrĂ©, de concert avec les institutions politiques, recommencent leur chasse inquisitoriale contre ce nouveau venu. On brĂ»le le théùtre oĂč joue la troupe dâal-QabbĂąnĂź en 1884 et on force son directeur Ă lâexil. Il choisit lâĂgypte, seul espace arabe de lâĂ©poque oĂč il peut encore dĂ©fendre la cause du théùtre. 15En Ăgypte, la vie culturelle profite pleinement des retombĂ©es de la campagne napolĂ©onienne et surtout de lâouverture complĂšte du pays Ă lâOccident. Les Français y ont mĂȘme créé un théùtre amateur pour distraire leurs troupes. Lâhistorien al-JabartĂź 1753-1825 nous a laissĂ© un passage oĂč il est question de ce théùtre 14 Journal dâun notable du Caire, Paris, Albin Michel, 1979, p. 274. Ce jour-mĂȘme [28 dĂ©c. 1800] fut achevĂ© le local que [les Français] Ă©difiĂšrent Ă lâEzbekeyya prĂšs du lieu connu sous le nom de BĂąb al Hawaâ et que dans leur langue ils appellent la ComĂ©die. Ils dĂ©signent par lĂ un lieu oĂč ils se rĂ©unissent une fois tous les dix jours, au cours de la nuit, pendant quatre heures de temps, pour assister au spectacle de divertissement que joue un groupe dâentre eux dans leur 15 En 1878, six ans avant lâarrivĂ©e dâal-QabbĂąnĂź et de sa troupe, YaâqĂ»b SannĂ»â est sommĂ© de quitter ... 16Il faut ajouter que lâannĂ©e 1869 voit lâinauguration de lâOpĂ©ra du Caire et que câest lĂ que des troupes françaises et italiennes vont se produire. Quand al-QabbĂąnĂź et tous les Syro-libanais qui fuient le carcan religieux ottoman arrivent en Ăgypte, ils ne trouvent pas le vide complet, mais bien un climat propre Ă les aider Ă prolonger leurs expĂ©riences commencĂ©es naguĂšre. Le terrain a dâailleurs Ă©tĂ© prĂ©parĂ© par une autre grande figure du dĂ©but du théùtre arabe, en lâoccurrence YaâqĂ»b SannĂ»â 1839-191215. Avec Sannuâ, dit AlĂź al-RĂąâĂź 16 Al-Masraáž„ fĂź al-âĂąlam al-âarabĂź Le Théùtre dans le monde arabe, 2e Ă©dition, KoweĂŻt, 1999, p. 73 ... Le théùtre arabe importĂ© achĂšve les trois genres oĂč il nâa pas cessĂ© de verser ses Ćuvres depuis la moitiĂ© du siĂšcle dernier ⊠la piĂšce sĂ©rieuse ⊠qui sâappuie sur le texte littĂ©raire et tend Ă valoriser les personnes et Ă les conscientiser ; la ComĂ©die critique Ă caractĂšre populaire et lâopĂ©rette ou le théùtre chantĂ© qui utilise une histoire théùtrale â souvent mal construite â comme prĂ©texte Ă un chant individuel ou collectifâŠ16 17AprĂšs le retrait des pionniers â Ă cause de lâĂąge, de lâexil ou tout simplement de la mort â, le théùtre arabe va se perdre dans le troisiĂšme genre Ă©voquĂ© par A. al-RĂąâĂź, Ă savoir lâopĂ©rette, qui va mĂȘme ĂȘtre transposĂ©e au cinĂ©ma et faire le tour du monde arabe. Sâil y a un Ă©lĂ©ment positif Ă retenir de cette pĂ©riode â qui va de 1847 Ă lâirruption, dans le dĂ©but des annĂ©es trente, des deux piĂšces de Tawfiq al-HakĂźm que lâon va examiner sous peu â, câest que sâest constituĂ© pour le théùtre un public acquis dĂ©sormais Ă la modernitĂ© sous toutes ses formes. Câest mĂȘme grĂące au théùtre que ce public va sâinitier Ă ces autres formes de spectacle que sont le cirque et le cinĂ©ma. Mais ceci est une autre histoire. 18Quant au rapport avec le turĂąth ou avec le patrimoine littĂ©raire mĂ©diĂ©val, il faut constater que le recours aux textes de cette pĂ©riode sâest fait dans lâurgence. Ils ont Ă©tĂ© utilisĂ©s dans le seul but de gagner et de fidĂ©liser un public qui se montrait au dĂ©part rĂ©ticent, et cela a empĂȘchĂ© tout regard critique. Le spectateur est simplement transposĂ© dans un dĂ©cor du passĂ©, pour y rester. Le temps et le lieu de ces textes disparaissent certes, mais sans que leur disparition nâacquiert de valeur heuristique. Rien nây est ajoutĂ©, si ce nâest parfois les noms des personnages, le dĂ©cor oĂč ils Ă©voluent et la langue arabe moderne quâils utilisent. 19Revenir aux textes mĂ©diĂ©vaux pour rapprocher le théùtre dâun public qui au mieux le boudait ou au pire lâignorait, nâest plus dâactualitĂ©. Il sâagit dĂ©sormais dâinvestir le contenu de ces textes de nouvelles fonctions, de ne pas lâapprĂ©hender tel quâil est dans les livres, les manuscrits ou les mĂ©moires, mais aussi tel que lâon a envie quâil soit ou tel quâil aurait pu ĂȘtre. Tawfiq al-HakĂźm 1898-1987 20Les deux grandes piĂšces Ahl al kahf Les Gens de la caverne 1933 et Shahrazad 1934 signent la naissance dâun théùtre arabe digne de ce nom. La prĂ©sence de questionnements philosophiques et lâouverture vers le symbolisme europĂ©en de lâĂ©poque sortent le théùtre arabe de cette kyrielle de piĂšces qui privilĂ©gient le rire gratuit, les chansons de piĂštre qualitĂ© et les mĂ©lodrames qui cherchent Ă Ă©mouvoir le public Ă peu de frais textuels. Dans ces deux piĂšces, al-HakĂźm rompt avec la tradition des aĂźnĂ©s qui sacrifiaient le texte, la rĂ©flexion et le questionnement, et favorisaient un assemblage dĂ©sordonnĂ© de textes, de chansons, de folklore, etc., offrant au spectateur une catharsis Ă bon marchĂ©. 17 J. Berque, Langage arabe du prĂ©sent, Paris, Gallimard, 1974, p. 206. 21La piĂšce dâal-HakĂźm Les Gens de la caverne sâinspire du texte mĂ©diĂ©val par excellence, Ă savoir le Coran. Un texte sacrĂ© en premier lieu, mais ses renvois divers et variĂ©s Ă des histoires anciennes, le plaisir esthĂ©tique quâil procure au lecteur arabophone et sa reconstitution continue par lâentreprise exĂ©gĂ©tique amarrent facilement ce texte dans la sphĂšre littĂ©raire. La sourate XVIII dont sâinspire al-HakĂźm en est la meilleure illustration. Le Coran semble ici se lancer dans la crĂ©ation romanesque »17 en emboĂźtant au centre de cette sourate trois rĂ©cits les Dormeurs de la caverne », la Transfiguration de MoĂŻse » et lâhistoire de Lâhomme-aux-deux-Cornes » que lâon prend souvent pour Alexandre le MacĂ©donien. Nous ne considĂ©rons ici que le premier rĂ©cit, puisque câest lĂ quâal-HakĂźm puise la matiĂšre de sa piĂšce. Nous en citons une partie dâaprĂšs la traduction de J. Berque 18 Le Coran, Paris, Albin Michel, 1995, p. 307-308. Tiendras-tu lâaventure des compagnons de la caverne et de lâĂ©pitaphe pour un prodige dâentre Nos signes ? Lors, ces jeunes hommes se rĂ©fugiĂšrent dans la caverne et dirent Notre Seigneur, accorde-nous une misĂ©ricorde de Ton sein, mĂ©nage-nous de notre chef rectitude ». Nous assourdĂźmes leurs oreilles dans la caverne pendant des annĂ©es en nombre puis les ranimĂąmes pour savoir lequel des deux partis serait le plus apte Ă compter le temps de leur sĂ©jour⊠Tu les aurais crus Ă©veillĂ©s, alors quâils dormaient, et que Nous les retournions sur la droite ou sur la gauche, tandis que leur chien Ă©tendait ses pattes Ă lâentrĂ©e. Aurais-tu plongĂ© sur eux ton regard, que tu leur eusses tournĂ© le dos pour fuir, tant ils auraient empli ton cĆur de crainteâŠ18 19 La premiĂšre mention de cette lĂ©gende en Occident est dans GrĂ©goire de Tours fin Ve siĂšcle, De gl ... 20 Nous avons reconstruit cette lĂ©gende Ă partir de plusieurs exĂ©gĂšses coraniques et Ćuvres mĂ©diĂ©vale ... 22Cette sourate raconte en effet lâhistoire de jeunes gens le Coran ne prĂ©cise pas leur nombre, accompagnĂ©s dâun chien, qui, lassĂ©s de vivre au milieu des idolĂątres, partent se cacher dans une caverne oĂč ils plongent dans un sommeil profond. Dieu scelle leurs oreilles et les fait dormir plusieurs annĂ©es le Coran ne prĂ©cise pas le nombre dâannĂ©es. Quand ils se rĂ©veillent, lâun dâeux retourne parmi les hommes et comprend quâune longue pĂ©riode de temps sâest Ă©coulĂ©e lorsquâen voulant payer avec une piĂšce dâargent quâil dĂ©tient, il se rend compte quâelle nâa plus cours. Et les jeunes gens de dĂ©couvrir la rĂ©alitĂ© du miracle dont ils sont les hĂ©ros⊠Le Coran reprend ici Ă sa maniĂšre la lĂ©gende orientale des Sept Dormants dâĂphĂšse qui circulait au Moyen Ăge arabe, et dont les exĂ©gĂštes mĂ©diĂ©vaux ont retrouvĂ© les dĂ©tails19. Dans les Ă©crits de ces exĂ©gĂštes, on apprend que ces sept Dormants trouvent refuge dans une caverne, au mont CĂ©lion, pour fuir la persĂ©cution des premiers chrĂ©tiens par lâempereur DĂšce v. 200-251 qui les force Ă sacrifier aux idoles sous peine de mort. Lorsquâil apprend le lieu de leur refuge, il en fait boucher lâentrĂ©e avec des pierres, afin que les jeunes gens meurent de faim. Deux chrĂ©tiens prennent cependant soin dâĂ©crire la relation de leur martyre et la confient aux pierres de la caverne et Ă la postĂ©ritĂ©. Plus de trois cents ans plus tard, des maçons, en voulant construire des Ă©tables sur le mont, ouvrent la grotte, et les saints de se lever et de se saluer en pensant quâils nâont dormi quâune nuit. Lorsque lâun dâeux arrive en ville pour acheter du pain, il est singuliĂšrement surpris de voir la ville dâĂphĂšse complĂštement transformĂ©e. Vient ensuite lâĂ©pisode des piĂšces dâargent les marchands croient quâil a trouvĂ© un antique trĂ©sor⊠Les malentendus se suivent sans que le malheureux puisse comprendre ce qui se passe autour de lui. DâĂ©tonnement en Ă©tonnement, tout le monde accepte de lâaccompagner jusquâau mont CĂ©lion, oĂč un Ă©vĂȘque trouve entre les pierres la relation scellĂ©e de deux sceaux dâargent. Le peuple comprend alors quâil sâagit bien des sept saints et se prosterne en glorifiant Dieu20. 21 Ed. DĂąr al-kitĂąb al-lubnĂąnĂź, Beyrouth, 1984, 142 p. 23Tous ces dĂ©tails, et bien dâautres encore, vont aider al-HakĂźm Ă asseoir et Ă enrichir sa matiĂšre dramaturgique. Comment sa piĂšce Les Gens de la caverne21 rĂ©investit-elle ce rĂ©cit ? Quâest-ce quâil y ajoute et quâest-ce quâil en supprime ? 24Les jeunes dormeurs sont au nombre de trois dans cette piĂšce et leur nom ne rappelle que de loin ceux que leur donnent les textes mĂ©diĂ©vaux. Ils sâappellent dans la piĂšce dâal-HakĂźm MichlĂźniĂą, MarnĂ»ch et YemlĂźkhĂą. Le chien qui accompagne ces trois jeunes gens sâappelle QatmĂźr, un nom que lâon retrouve dans tous les textes mĂ©diĂ©vaux que lâon a citĂ©s, hormis le Coran. 25Al-HakĂźm divise sa piĂšce en quatre actes. Le premier acte prĂ©sente MichlĂźniĂą, MarnĂ»ch, YemlĂźkhĂą et le chien QatmĂźr Ă lâintĂ©rieur de la caverne, aprĂšs un sommeil qui a durĂ© trois cents ans. Les trois jeunes ignorent cependant tout de cette durĂ©e. Les premiers dialogues de la piĂšce reviennent sur les causes de leur prĂ©sence dans la caverne. Ils voulaient fuir la persĂ©cution des ChrĂ©tiens par le roi DeqiĂąnĂ»s DĂšce. MichlĂźniĂą, le grand ministre de DeqiĂąnĂ»s, a laissĂ© derriĂšre lui une femme quâil aime, la princesse BrĂźsca, la fille mĂȘme de ce DeqiĂąnĂ»s, convertie comme lui clandestinement au christianisme. Pour sceller cet amour, MichlĂźniĂą, lui a offert avant son dĂ©part une croix en or, tout en lui promettant un retour rapide. MarnĂ»ch, lui aussi ministre de DeqiĂąnĂ»s, a fui en laissant derriĂšre lui sa jeune Ă©pouse et son jeune enfant. Quant Ă YemlĂźkhĂą, le berger, il a laissĂ© son troupeau Ă lâabandon pour suivre les deux ministres, afin de prĂ©server lui aussi sa foi. Les trois jeunes gens dĂ©sirent revenir dans leur ville de TarsĂ»s Tarse, mais comment Ă©chapper Ă la folie du roi ? Câest au berger que revient la difficile mission dâaller chercher de la nourriture. Ă son retour, il raconte ce qui lui est arrivĂ© juste aprĂšs, on commence Ă entendre Ă lâextĂ©rieur, le bruit des gens venus chercher le trĂ©sor, un passage digne du film Les Visiteurs 22 Ibid., p. 24-25. Ce passage marque le dĂ©but dâune kyrielle de quiproquos â domaine oĂč al-HakĂźm va ... MarnĂ»ch Câest tout ce que tu as fait ? OĂč est la nourriture ?YemlĂźkhĂą Si vous saviez ce que jâai vu et entendu ?MarnĂ»ch Parle !YemlĂźkhĂą Ă peine avais-je fait deux pas que jâai vu devant moi un cavalier habillĂ© bizarrement on aurait dit un chasseur. Je lui ai montrĂ© lâargent que jâavais pour lui acheter son gibier, mais il a eu lâair terrorisĂ© en mâapercevant⊠Tout en restant sur ses gardes, il a fini par prendre une piĂšce dâargent et a commencĂ© Ă lâexaminer, et sans cacher sa crainte ni sa surprise, il a lancĂ© en bafouillant et en la retournant dans tous les sens DeqiĂąnĂ»s, frappĂ©e Ă lâĂ©poque de DeqiĂąnĂ»s ! ». Il a ensuite levĂ© la tĂȘte et mâa dit aprĂšs avoir repris courage Tu en as beaucoup comme ça ? ». Lorsque jâai sorti tout ce que jâavais, il mâa dit OĂč lâas-tu trouvĂ© ? », Quoi ? » ai-je dit. Ces piĂšces anciennes⊠ce trĂ©sor ? ! » a-t-il rĂ©pondu. Jâai pensĂ© que cet homme Ă©tait fou⊠Je lui ai alors arrachĂ© ma piĂšce et me suis Ă©loignĂ© de luiâŠ22 26Le deuxiĂšme acte se dĂ©roule dans la ville de TarsĂ»s devenue chrĂ©tienne, gouvernĂ©e par un roi trĂšs pieux qui ne se sĂ©pare pas de la Bible et honore les saints. Il a une fille trĂšs belle qui sâappelle aussi BrĂźska en souvenir de son aĂŻeule. Elle a hĂ©ritĂ© de celle-ci son prĂ©nom, son amour pour le Christ et surtout sa croix en or. LâĂ©ducation de la princesse est confiĂ©e Ă GaliĂąs, le philosophe, qui nâa pas manquĂ© bien sĂ»r de lui raconter lâhistoire de sa sainte aĂŻeule, ainsi que celle des trois saints câest ainsi que GaliĂąs et les habitants de ville les appellent maintenant qui avaient fui la persĂ©cution de DeqiĂąnĂ»s. 27La prĂ©sence des trois dormeurs laisse la ville perplexe. On Ă©prouve mĂȘme de lâaversion devant leur aspect extĂ©rieur. Le fait que GaliĂąs, le roi et le religieux croient Ă leur saintetĂ© nâattĂ©nue quâĂ peine leur terreur. Celle-ci est Ă son comble lorsque MichlĂźniĂą âretrouveâ sa bien aimĂ©e BrĂźskĂą BrĂźska, Ă peine les voit-elle quâelle Ă©touffe un cri et sâaccroche aux pans des habits de GaliĂąs Mon Dieu !MichlĂźniĂą, Ă peine voit-il la princesse quâil lui lance Ă voix basse et sans se contrĂŽler BrĂźskĂą !âŠBrĂźskĂą, se protĂšge, terrorisĂ©e, derriĂšre GalliĂąs Ah ! as-tu entendu ? Il a prononcĂ© mon en chuchotant Tu as vu ? Câest un saint. 28Le suspens menĂ© Ă bien par al-HakĂźm, grĂące Ă des quiproquos minutieusement concoctĂ©s, va durer longtemps jusquâĂ ce que les trois dormeurs se rendent compte de lâĂ©trangetĂ© de la situation. Le premier Ă sâĂȘtre rendu Ă lâĂ©vidence est le berger YemlĂźkhĂą 23 Ibid., p. 54-55. YemlĂźkhĂą Sais-tu combien de temps nous sommes restĂ©s dans la caverne ?MarnĂ»ch Une semaine ? YemlĂźkhĂą rit nerveusement et trĂšs fort. Un mois si lâon se fie Ă ton fabuleux calcul ?YemlĂźkhĂą, de maniĂšre effrayante Trois cens ans. Imagine cela⊠Trois cents ans, nous sommes restĂ©s lĂ dans cette caverneâŠMarnĂ»ch Pauvre jeune homme !YemlĂźkhĂą Ce jeune homme a trois cent ans et des poussiĂšres. DeqiĂąnĂ»s est mort il y a trois cents ans et notre monde a disparu il y a trois Notre monde a disparu ? Et oĂč sommes-nous aujourdâhui ?YemlĂźkhĂą Celui que nous voyons lĂ est un autre monde avec lequel nous nâavons pas de As-tu bu quelque chose, YemlĂźkhĂą ?YemlĂźkhĂą Je nâai rien bu et je ne suis pas fou. Je te dis la vĂ©ritĂ©. Sors, fais un tour en ville et tu Je comprendrai quoi ?YemlĂźkhĂą Tu comprendras quâil ne faudra pas que nous restions ne serait-ce quâune minute avec ces 29Le deuxiĂšme acte prend fin lorsque YemlĂźkhĂą quitte ses deux amis encore incrĂ©dules et retourne vers la caverne, incapable quâil est dâaffronter une autre rĂ©alitĂ© que celle quâil a vĂ©cue sous DeqiĂąnĂ»s. 30Dans le troisiĂšme chapitre, MarnĂ»ch se rend compte Ă son tour que lâenfant et lâĂ©pouse qui lâattendaient sont morts trois cents ans auparavant et que sa maison est Ă prĂ©sent un marchĂ© aux armes. Un vieux mendiant, qui avait entendu parler de son fils, lui a appris quâil Ă©tait mort en martyr Ă lâĂąge de soixante ans » p. 75. Il part lui aussi Ă la caverne retrouver le berger. Quant Ă MichlĂźniĂą, il continue de croire que la BrĂźskĂą qui est devant lui est celle quâil a toujours aimĂ©e. Sa conviction se renforce lorsquâil aperçoit la croix en or MichlĂźniĂą, en tombant Ă genoux BrĂźskĂą, je souffre, pourquoi me fais-tu souffrir ? Dis-moi la vĂ©ritĂ© au lieu de te moquer de moi et de louvoyer ! Dis un seul mot de ta voix profonde et sincĂšre pour que je me convainque et que je sois tranquille. Jure-moi plutĂŽtâŠBrĂźskĂą Je te le jure !MichlĂźniĂą, il voit la croix Ă son cou Oui, jure sur cette croix. Que je suis content ! Câest ma croix que tu portes. Merci, surprise Ta croix !MichlĂźniĂą Nâest-ce pas lĂ une preuve que tu es fidĂšle Ă notre engagement. Oui. Mon cĆur me dit toujours que tu es innocente, jâen suis certain. Mais je demande confirmation, je veux en avoir le cĆur net. p. 90 31Câest BrĂźskĂą qui va lui expliquer quâelle nâest pas BrĂźskĂą, la fille de DeqiĂąnĂ»s, cette BrĂźskĂą qui sâest convertie au christianisme par amour pour lui et qui lâa attendu jusquâĂ sa mort Ă lâĂąge de cinquante ans. MichlĂźniĂą dĂ©cide alors de revenir lui aussi Ă la caverne, mais entre-temps, une histoire dâamour naĂźt entre lui et la descendante de sa bien aimĂ©e. 32Dans le quatriĂšme et dernier acte, on assiste Ă la conversation des trois jeunes gens Ă©tendus dans la caverne, faisant le bilan de leur brĂšve sortie et attendant une deuxiĂšme mort, peut-ĂȘtre la derniĂšre. BrĂźskĂą dĂ©cide de les rejoindre, non pas pour rechercher la saintetĂ©, Ă lâimage de son aĂŻeule, mais par amour pour MichlĂźniĂą BrĂźskĂą Autre chose GĂąliĂąs, si les gens apprennent mon histoire, tu la leur racontes comme je tâai conseillĂ© de faireâŠGĂąliĂąs, se prĂ©pare Ă sortir Que tu es une Mais non, bĂȘta, je ne tâai pas conseillĂ© de dire Que tu es une femme Oui⊠Câest tout. p. 141 24 Traduction, prĂ©face et notes par J. Trabucco, Paris, GF-Flammarion, 1964. 33Si cette piĂšce a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e comme la premiĂšre digne de ce nom dans lâhistoire de la littĂ©rature arabe, câest parce quâelle a merveilleusement rĂ©ussi, croyons-nous, Ă sâinspirer des textes mĂ©diĂ©vaux pour les rĂ©investir. Tawfiq al-HakĂźm a pu y mener conjointement deux intrigues dramatiques. La premiĂšre est celle que lâon peut appeler lâintrigue historique ou religieuse, qui consiste tout simplement Ă reconduire lâhistoire des trois jeunes dormants, telle quâelle se dĂ©ploie dans le Coran. La lettre du texte coranique montre que le but recherchĂ©, via cette histoire, est dâexposer un miracle Ă©difiant qui est Ă©galement une preuve de la toute-puissance divine pouvoir sauver des croyants pourchassĂ©s par un roi idolĂątre, pouvoir ressusciter les corps, etc. Admettons quâal-HakĂźm se soit contentĂ© de ce niveau, sa piĂšce nâaurait eu aucune originalitĂ©, et le dialogue et le dĂ©cor installĂ©s par le dramaturge nâauraient rien ajoutĂ© pour le public ou le lecteur qui connaĂźt cette histoire par cĆur. Autrement dit, le turĂąth aurait eu pour al-HakĂźm un caractĂšre figĂ© et indĂ©passable. La deuxiĂšme intrigue que lâon peut qualifier de philosophique montre bien que le turĂąth est dynamique et quâil peut Ă chaque fois accueillir un regard nouveau. Cette intrigue pose le problĂšme du temps et montre Ă quel point il est difficile de suivre la vitesse infernale du progrĂšs. La sociĂ©tĂ© Ă©volue trĂšs vite et il est impossible pour des gens dââhierâ de rattraper leur retard. Ă aucun moment al-HakĂźm ne nous donne une dĂ©finition du temps, mais elle affleure dans toute la piĂšce. Dâailleurs qui peut dire ce quâest le temps ? On peut reposer cette question en paraphrasant Merleau-Ponty peut-on dĂ©finir une notion qui nâest pas un objet de notre savoir, mais une dimension de notre ĂȘtre ? Lâintrigue philosophique dâal-HakĂźm rejoint ce que dit saint Augustin dans les Confessions livre XI, chap. 14 Quâest-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille lâexpliquer, je ne le sais plus »24. 34En lisant et en relisant Les Gens de la caverne, on se rend compte que lâexpĂ©rience du temps chez ce dramaturge est celle dâune aliĂ©nation incessante. Lâau-delĂ de bonheur promis Ă ces bons croyants dans le Coran ne rĂ©siste pas au perpĂ©tuel deuil que laisse derriĂšre lui lâĂ©coulement du temps. Les trois jeunes Dormants restent inconsolables ni le titre de saintetĂ© immĂ©diate que la population leur dĂ©cerne ni la saintetĂ© Ă venir promise par Dieu ne peuvent apaiser leur tourment et leur faire oublier leur amour, fĂ»t-ce un amour qui date de trois cents ans. Leur regret triomphe de leur espĂ©rance. Ils ne reviennent pas Ă la caverne dans lâespoir dâune rĂ©compense, ils y reviennent parce quâil leur est difficile de sâadapter au devenir et dâaccepter avec joie ce que cet instant de rĂ©surrection peut leur apporter. De ce point de vue, lâintrigue philosophique de la piĂšce effectue un revirement Ă peine perceptible dans le texte la situation des trois Dormants nâest plus seulement celle de ces saints dĂ©crits dans le texte coranique, mais bel et bien une situation qui dĂ©rive de lâaffectivitĂ© de toute personne et du dĂ©roulement de son histoire. Refuser le devenir nâest pas seulement une affaire de personnes mythiques qui reviennent nous rendre visite aprĂšs trois cents ans, mais lâaffaire de tout homme qui perd ses repĂšres dans un monde qui le broie et devant lequel il est dĂ©muni. Le futur rĂ©el est en principe inconnaissable et vide. Nous ne connaissons en fait que notre passĂ©, et du futur seuls les Ă©lĂ©ments que peut nous procurer notre passĂ©, dont les Ă©motions, les passions et la conscience sont concrĂštes. Câest le passĂ© qui va Ă©viter que le futur ne sombre dans le nĂ©ant complet, câest lui qui nous apprend que nous ne pouvons espĂ©rer que ce que nous avons appris Ă espĂ©rer, que nous ne pouvons attendre que ce qui fait dĂ©jĂ partie de notre conception. Un homme qui nâa rien appris de son passĂ© nâa pas dâhistoire, il nâa que des instincts. Celui-lĂ , il lui manquera toujours cette catĂ©gorie de pensĂ©e qui, Ă partir des Ă©lĂ©ments que le passĂ© nous apprend, lâaidera Ă se projeter dans lâavenir. Bref, il ne reste Ă un homme qui nâa rien appris de son passĂ© quâĂ revenir Ă la caverne. Ici, al-HakĂźm rejoint parfaitement Platon qui souhaite que les gens de sa caverne la quittent pour quâils puissent, une fois Ă lâextĂ©rieur, rĂ©orienter leur regard vers les rĂ©alitĂ©s vĂ©ritables. Mais sâils ne sont pas prĂ©parĂ©s Ă effectuer cette sortie, ces rĂ©alitĂ©s pourront les Ă©blouir et les aveugler. Câest ce qui est arrivĂ© Ă nos trois Dormants. 35Al-HakĂźm rĂ©pĂšte sous une forme dramatique lâordre religieux dĂ©jĂ dĂ©crit dans le Coran, mais en mĂȘme temps quâil rĂ©pĂšte cet ordre il enchĂąsse lâordre philosophique, ce qui produit subrepticement et comme par degrĂ©s, une modification considĂ©rable du texte rĂ©pĂ©tĂ©. Subrepticement, parce que le remplacement dâun ordre par un autre ne sâoffre pas Ă la premiĂšre lecture ; tout au plus arrive-t-on Ă comprendre que lâordre philosophique est un commentaire en marge de lâordre religieux. AprĂšs plusieurs lectures, on finit par saisir que la piĂšce contient deux enseignements lâun Ă caractĂšre Ă©difiant au premier plan et lâautre philosophique que lâon peut lire entre les lignes. 25 Nous utilisons pour cette piĂšce lâĂ©dition du Caire, al-Matbaâa al-namĂ»dajiyya, La piĂšce compt ... 36Al-HakĂźm va renouveler lâexpĂ©rience avec une autre piĂšce Ă©crite un an aprĂšs Les Gens de la caverne. Il sâagit de la piĂšce intitulĂ©e Shahrazade25. Al-HĂąkĂźm sâinspire encore dâun grand texte mĂ©diĂ©val arabe, les Mille et une Nuits, et plus prĂ©cisĂ©ment de ce que lâon appelle le conte-cadre dont on peut rĂ©sumer en quelques mots la trame un souverain sassanide nommĂ© ChahriyĂąr, qui rĂšgne sur un grand royaume, dĂ©couvre par hasard que sa femme le trompe. Pensant quâil nâexiste sur terre aucune femme vertueuse, il dĂ©cide alors de se venger en faisant tout dâabord dĂ©capiter son Ă©pouse, et se met alors chaque jour Ă Ă©pouser une jeune fille et Ă la tuer la nuit mĂȘme. Cette vengeance dure trois annĂ©es pendant lesquelles le royaume est terrorisĂ© les familles cachent et font disparaĂźtre leurs filles. Câest lĂ quâintervient Shahrazade, la fille du vizir de ChahriyĂąr elle raconte des histoires au roi, en sâarrangeant pour que la fin de lâhistoire ne coĂŻncide pas avec lâapparition de lâaube. Au bout de mille et une nuits, elle sauve les jeunes femmes des griffes du roi et se voit reconnaĂźtre comme femme lĂ©gitime et reine. 37La piĂšce est constituĂ©e de sept tableaux que Tawfiq al-HakĂźm appelle paysage » manzar. Le premier chapitre nous place dâentrĂ©e de jeu dans un dĂ©cor qui nâa rien Ă voir avec celui oĂč Shahrazade a officiĂ© pendant mille et une nuits. Nous sommes dans un endroit dĂ©sert oĂč lâon ne distingue dans la nuit noire quâune maison isolĂ©e quâune lampe Ă©claire Ă peine. Câest la maison oĂč le roi ChahriyĂąr vient dĂ©sormais sâentretenir clandestinement avec le magicien. On apprend dans ce chapitre que ce nâest plus lâamour et les histoires de Shahrazade qui empĂȘchent le roi de ne pas tuer au matin la compagne, chaque fois renouvelĂ©e, de sa nuit Le bourreau Je ne suis plus le Jâai bourreau Quâest-ce que tu as compris ?Lâesclave Nâest-ce pas la fĂȘte des vierges aujourdâhui ?Le bourreau Si. Le roi nâa plus besoin de surpris Ce corps de Shahrazade alors !Le bourreau Mais non, ce nâest plus le corps de Shahrazade qui empĂȘche le roi de tuer des vierges. âŠLâesclave Ătonnant ! Le roi nâa plus besoin non plus de la reine pour lui raconter des histoires jusquâĂ ce que lâaube la surprenne et quâil ne lui soit plus permis de bourreau, en chuchotant Le roi est atteint mentalement. p. 18-19 et 22 38Shahrazade dâal-HakĂźm ne sâinscrit plus dans la thĂ©matique de lâadultĂšre qui dĂ©clenche les Nuits et donne Ă notre hĂ©roĂŻne le rĂŽle de celle qui sauve par ses contes les filles du royaume. 39Dans le deuxiĂšme tableau, nous retrouvons le dĂ©cor des Nuits et le palais de ChahriyĂąr, mais pas avec le mĂȘme ChahriyĂąr, ni la mĂȘme Shahrazade. Shahrazade essaie de ramener le roi Ă la raison, câest-Ă -dire Ă elle, et ChahriyĂąr essaie dâoublier son passĂ© rĂ©cent et de ne voir en sa compagne quâune femme rusĂ©e et trompeuse » p. 60. ChahriyĂąr, Ă©puisĂ© Je ne demande quâune Laquelle ?ChahriyĂąr Pourquoi ? Quâest-ce qui tâarrive ?ChahriyĂąr La vie nâa plus rien de neuf. Jâen ai fait le tour. âŠShahrazade Tu es devenu fou, je le jure ! Ton esprit nâen peut plus. Quel secret cherches-tu, dĂ©traquĂ© que tu es ? Ne rĂ©alises-tu pas que tu consumes le reste de ta vie Ă vouloir satisfaire une curiositĂ© trompeuse ? p. 61-62 40ChahriyĂąr, qui Ă©tait fou de son Ă©pouse et toujours suspendu Ă ses lĂšvres, devient insensible Ă ses charmes. Il lutte corps et Ăąme pour Ă©chapper Ă son emprise. Shahrazade le trouble et lui fait peur. Sa beautĂ©, son charme, tout ce qui a un rapport avec son corps, y compris les mots quâelle prononce, cachent bien des mystĂšres selon ChahriyĂąr ; ils forment un voile » p. 67 que le roi cherche Ă faire tomber pour percer le secret de cette femme qui Nâest peut-ĂȘtre pas une femme. Que serait-elle au juste ? Je te demande qui est cette femme ? Comment celle qui a Ă©tĂ© toute sa vie prisonniĂšre de son gynĂ©cĂ©e peut-elle connaĂźtre tous les secrets de la terre⊠On dirait quâelle Ă©tait la terre entiĂšre⊠Elle connaĂźt lâĂgypte, lâInde et la Chine⊠Comment cette pucelle connaĂźt-elle les hommes comme une femme qui aurait vĂ©cu mille ans parmi eux ?⊠p. 66 41Pour lui, Shahrazade est lâaltĂ©ritĂ© absolue, la multiplicitĂ© Ă lâinfini, elle est lĂ , mais sans quâil puisse la voir ; serait-elle lâĂ©quivalent de ces ombres quâon voit dĂ©filer et sâĂ©vanouir sur la paroi de la caverne ? 42Ce qui intĂ©resse dĂ©sormais ChahriyĂąr est la recherche du seul savoir. Mais cette recherche provient de son dĂ©sir dâaller au-delĂ du corps de Shahrazade. ChahriyĂąr a compris que le corps de sa compagne lui joue des tours p. 75 et que, sâil ne saisit pas le secret » dont son corps est le lointain reflet, il risque de renouer avec son passĂ© de coupeur de tĂȘte, voire de sombrer dans le dĂ©sespoir et la folie. Son dĂ©sir pour le seul savoir est dâabord motivĂ© par le dĂ©sir de la connaĂźtre, voire de sâen approprier le savoir. La rĂ©ponse de Shahrazade est sans appel Je ne possĂšde pas ce que tu cherches. Tu demandes lâimpossible » p. 69. 43Dans le troisiĂšme chapitre, ChahriyĂąr est convaincu quâil ne pourra pas faire de Shahrazade un objet de savoir. Il dĂ©cide alors de sâen sĂ©parer en entreprenant un long voyage, non sans oublier de dĂ©clarer Ă Shahrazade Je ne reviens plus Ă ton beau corps⊠Jâen ai assez des corps⊠Jâen ai assez des corps⊠Jâen ai assez des corps ! ! » p. 92. ChahriyĂąr a-t-il oubliĂ© que la satiĂ©tĂ© est contraire Ă la satisfaction ? 44Les autres tableaux dĂ©crivent ChahriyĂąr Ă la recherche de lâabsolu. Il veut se prouver Ă lui-mĂȘme et Ă Shahrazade quâil nâest pas un pauvre enfant qui court derriĂšre des mirages, comme elle le dit, mais bien un homme capable de sagesse, capable de sâidentifier Ă une immuable plĂ©nitude grĂące au savoir. Lorsquâil revient de son voyage, il la surprend dans les bras dâun Noir ; on se croit reparti pour dâautres Mille et une Nuits. On croit que ChahriyĂąr va renouer avec ses mĂ©thodes sanguinaires. Et bien non ! Ce spectacle ne lâĂ©meut point. Il le laisse indiffĂ©rent. 45Cette piĂšce est une autre tentative philosophique dâal-HakĂźm pour poser le problĂšme de la libertĂ© et de la destinĂ©e, en travestissant un texte mĂ©diĂ©val mondialement connu et apprĂ©ciĂ©. Que cherche un homme apparemment comblĂ©, qui a le pouvoir, la richesse et une femme dont la beautĂ© nâa dâĂ©gale que lâintelligence ? Que cherche une femme qui est Ă©pouse, mĂšre et reine et qui a redonnĂ© la vie et lâespoir Ă toutes les filles du royaume ? 46La piĂšce montre que, telle une malĂ©diction, notre dĂ©sir nâest jamais satisfait. Il nous suffit dâaccĂ©der Ă lâobjet de notre dĂ©sir pour quâil cesse dâĂȘtre aussi dĂ©sirable. La dĂ©ception est notre lot. Le dĂ©sir de vengeance est apaisĂ© chez ChahriyĂąr par les contes de Shahrazade. Les contes sont dĂ©trĂŽnĂ©s par lâamour de Shahrazade. Lâamour de Shahrazade devient amour du savoir de Shahrazade, puis amour du savoir tout court. Le savoir nâest dĂ©sormais rien aux yeux de ChahriyĂąr, rongĂ© quâil est par la mĂ©lancolie Shahrazade Tu es maintenant un homme suspendu entre ciel et terre et rongĂ© par lâangoisse. Jâai essayĂ© de te faire revenir sur terre, mais ma tentative a Ă©chouĂ©. p. 185 47Entre ciel et terre⊠Vouloir quitter la terre pour arrĂȘter le dĂ©sir est dĂ©risoire. Passer dâun objet de dĂ©sir Ă un autre est source de douleur, mais peut-on arrĂȘter ce processus sans Ă©chapper Ă la condition humaine ? Shahrazade a compris que la vie est un jeu dans tous les sens du terme. Elle ne renonce pas Ă lâamour, bien quâelle sache aussi quâil peut dĂ©cevoir. Elle ne renonce pas au plaisir, bien quâelle sache aussi quâil dĂ©passe souvent la capacitĂ© que lâon a de le satisfaire. Elle ne renonce pas aux contes, bien quâelle soit consciente quâils ne peuvent pas ĂȘtre un rempart contre la mort. Dâailleurs, la piĂšce dâal-HakĂźm finit par le suicide de Qamar, le vizir de ChahriyĂąr qui est tombĂ© amoureux de Shahrazade. Contrairement Ă ChahriyĂąr qui quitte dĂ©finitivement le palais et perd ses fonctions de roi, Qamar nâa pas supportĂ© le spectacle de Shahrazade dans les bras de lâesclave. La mort est le point de dĂ©part des Mille et une Nuits, elle est le point dâarrivĂ©e de la Shahrazade dâal-HakĂźm. 26 Cette piĂšce, Ă©crite en 1919, est aujourdâhui introuvable. Câest lâhistoire dâun hĂŽte qui arrive ch ... 27 Le but de ce voyage est de faire une thĂšse en droit, mais lâamour du théùtre, de la littĂ©rature et ... 48Ces deux piĂšces montrent quâal-HakĂźm, non seulement maĂźtrise le patrimoine littĂ©raire mĂ©diĂ©val et sait le rĂ©investir dans le théùtre, mais quâil peut aussi le retoucher pour en proposer une version philo-sophiquement plus profonde que lâoriginal Les Gens de la caverne, voire le prolonger Ă sa maniĂšre Shahrazade. Le problĂšme, câest quâavec ce théùtre dâidĂ©es, dans lequel les Ă©vĂ©nements sont systĂ©matiquement mis au service dâune philosophie de la vie, les piĂšces sont plutĂŽt Ă©crites pour ĂȘtre lues que pour ĂȘtre reprĂ©sentĂ©es. Al-HakĂźm en est conscient et câest ce quâil recherche. En effet, aprĂšs avoir Ă©crit des piĂšces qui traitent de problĂšmes de lâĂ©poque tels que lâoccupation britannique al-Dayf al-thaqĂźl â LâHĂŽte pesant26 et la situation de la femme arabe La Nouvelle femme, 1923, il dĂ©cide, aprĂšs un sĂ©jour Ă Paris27, dâĂ©crire des piĂšces destinĂ©es Ă ĂȘtre lues plus quâĂ ĂȘtre jouĂ©es 28 Lâintroduction Ă sa piĂšce Pygmalion, Tunis, Al-DĂąr al-tĂ»nissiyya li al-nachr, 1978 1re Ă©d. 1942, ... Aujourdâhui, jâinstalle mon théùtre dans lâesprit et je fais des comĂ©diens des idĂ©es qui se dĂ©placent dans lâabsolu des notions, lesquelles idĂ©es sont toutes de symboles vĂȘtues⊠Le fossĂ© sâest creusĂ© entre la scĂšne et moi. Je nâai pas trouvĂ© dâautre âpontâ pour acheminer ce genre dâĆuvres vers les gens que lâimprimerie !28 29 Signalons que la Troupe Nationale dâĂgypte, créée en aoĂ»t 1935, a jouĂ© Les Gens de la caverne en 1 ... 49Il nâempĂȘche quâavec ces deux piĂšces29, le théùtre arabe finit par trouver sa voie, il peut dĂ©sormais compter sur des textes arabes tirĂ©s dâun patrimoine culturel arabe. Lâart dramatique, en dĂ©pit des entraves qui apparaissent encore ici et lĂ , est maintenant un art complĂštement acceptĂ© dans la sociĂ©tĂ© arabe. Cela reprĂ©sente un exploit historique Ă©norme, surtout lorsquâon pense que la premiĂšre piĂšce, LâAvare, nâa Ă©tĂ© jouĂ©e quâen 1847. 30 Nâoublions pas quâaprĂšs avoir Ă©crit ces deux piĂšces puisĂ©es dans le passĂ© mĂ©diĂ©val arabe, T. al-Ha ... 31 On peut en lire la traduction dans Les Mille et une Nuits, cit., vol. I, p. 261-292. 50Un art acceptĂ©, sans doute ; adoptĂ© et entrĂ© dans les mĆurs, câest Ă vĂ©rifier. Au moment oĂč les troupes se multiplient en Ăgypte, au moment oĂč la troupe RamsĂšs » vit ses heures de gloire sous la houlette de Youssef WahbĂź, Ă la fois grand amateur du théùtre et mĂ©cĂšne, le MinistĂšre de la Culture dĂ©cide de fermer le premier Conservatoire dâart dramatique arabe créé au Caire en 1931, sous prĂ©texte que la mixitĂ© de ses classes porte atteinte aux mĆurs. Mais ce nâest quâun accident de parcours naturel, dirions-nous, dans le climat social et culturel du Moyen-Orient des annĂ©es trente. La recherche des sources mĂ©diĂ©vales nâa jamais Ă©tĂ© aussi foisonnante. Si lâĂ©volution de lâĂ©criture théùtrale de T. al-Hakim atteste dâun abandon des textes mĂ©diĂ©vaux30, cela nâa pas Ă©tĂ© le cas chez dâautres dramaturges. Jusquâau dĂ©but des annĂ©es soixante, le nombre des piĂšces qui reprennent, réécrivent, adaptent et rĂ©adaptent des textes du turĂąth ne fait quâaugmenter. Pour rester dans le domaine des Mille et une Nuits, on peut citer par exemple la piĂšce dâAlĂź Ahmad BĂąkathir 1910-1969 intitulĂ©e Le Secret de Shahrazade 1953, qui sâappuie elle aussi sur le conte-cadre, non pas pour verser dans une quelconque recherche de lâabsolu Ă la maniĂšre de Shahrazade dâal-HakĂźm, mais bien pour faire de ce conte un instrument politique de rĂ©sistance Shahrazade nâest plus la conteuse recluse dont les histoires âtombent du cielâ, mais une femme qui a une bibliothĂšque pour se documenter et rĂ©pondre Ă chaque situation concrĂšte par un conte concret. ChahriyĂąr est certes un roi, mais comme tout roi, il peut ĂȘtre nu. Citons aussi la piĂšce dâAlfred Farag nĂ© en 1926, HallĂąq BaghdĂąd Le Barbier de Bagdad, 1963. Câest une piĂšce en deux tableaux. Le premier tableau, lâhistoire de Youssef et Yasmina, est tirĂ© des Milles et une Nuits et tout particuliĂšrement de lâHistoire du barbier31 ; quant au deuxiĂšme tableau, il puise son histoire dans une Ă©pĂźtre du Jahiz intitulĂ©e La Parure des femmes. 32 On trouvera la traduction de quelques passages dans Jacques Berque, Musique sur le fleuve. Les plu ... 51On peut aussi citer le théùtre en vers initiĂ© par le poĂšte Ahmad Shawqi 1868-1932 qui a signĂ©, entre autres, sa piĂšce la plus rĂ©ussie MajnĂ»n Layla Le fou de Layla, 1931 dont le sujet est empruntĂ© Ă lâhistoire et aux lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales arabes. Ses piĂšces vont ĂȘtre suivies par celles dâAziz Abaza, et surtout celle qui va connaĂźtre une grande rĂ©ussite dans les annĂ©es quarante, Ă savoir Qays et LubnĂą 1943 il sâagit de lâhistoire dâun amour impossible quâA. Abaza va puiser dans la grande compilation mĂ©diĂ©vale dâal-AsfahĂąnĂź, connue sous le nom dâAl-AghĂąnĂź Les Chansons32. 52On peut continuer Ă multiplier les exemples⊠Ils prouvent tous que le théùtre a fini par trouver sa voie dans la culture arabe. Mais Ă partir du dĂ©but des annĂ©es soixante, des voix sâĂ©lĂšvent de plus en plus pour dire que câest le théùtre Ă lâitalienne », le théùtre occidental, qui a Ă©tĂ© acclimatĂ©. Il ne sâagit que dâun théùtre en arabe et non pas dâun théùtre arabe. Si la plupart de ces piĂšces ont puisĂ© dans le turĂąth, si elles maĂźtrisent de plus en plus le patrimoine littĂ©raire arabe et savent le rĂ©investir Ă merveille, elles ne le font quâen adoptant la forme théùtrale occidentale. Il est temps dâinvestir, non seulement le contenu que ce patrimoine met Ă notre disposition, mais aussi les formes théùtrales quâon peut y trouver. Le problĂšme nâest plus dâutiliser le turĂąth, mais de savoir comment lâutiliser ? 53LâĂgyptien Youssef Idriss 1927-1991 est une figure emblĂ©matique de cette gĂ©nĂ©ration qui va appeler de ses vĆux un théùtre spĂ©cifiquement arabe. Sa position est la plus radicale, comparĂ©e Ă celles des dramaturges de sa gĂ©nĂ©ration. Il Ă©crit en 1964 33 Introduction Ă al-FarĂąfĂźr Les Scapins, Le Caire, Maktabat Misr, 1984, p. 7. Dans la presse, les livres, les colloques, câest toujours la mĂȘme question qui revient Y a-t-il vraiment un théùtre Ă©gyptien ? A-t-il existĂ© un jour ? ⊠Question Ă©trange, qui revient en rĂ©alitĂ© Ă se poser cette autre question Y a-t-il vraiment un peuple Ă©gyptien ? A-t-il vraiment existĂ© ? ⊠La comparaison est un peu exagĂ©rĂ©e, mais elle est tout Ă fait sincĂšre, car tant quâun peuple existe, il lui est indispensable, pour vivre et exister, de manger, de boire, de danser, de rire et aussi, pour ainsi dire, de se théùtraliser âŠ. En fait, cette question vient de ce que nous dĂ©signons, lorsque nous parlons du théùtre, câest ce lieu prestigieux surmontĂ© dâun dĂŽme, avec une scĂšne, des acteurs et des histoires. Il sâagit lĂ bien sĂ»r dâun théùtre, mais non pas de tout le théùtre. Le théùtre a des formes diverses et variĂ©es dont cette sorte de théùtre nâest quâun Ă©lĂ©ment. Mais dâautres formes théùtrales ont une existence rĂ©elle dans la vie des diffĂ©rents 34 En arabe marocain sltĂąn ÉtÉlba. Câest une sorte de cĂ©rĂ©monie qui avait lieu au printemps derriĂšre ... 54Câest ainsi quâil va lancer un appel Ă tous les dramaturges arabes pour quâils sâinspirent des formes théùtrales dĂ©jĂ existantes dans la tradition arabe, en gĂ©nĂ©ral, et dans la tradition de chaque pays, en particulier. Des traditions comme celles de la maqĂąma La SĂ©ance, des biographies de Antar, du théùtre dâombres ou des facĂ©ties et autres pitreries de JuhĂą, peuvent, selon lui, aider Ă trouver une forme de théùtre authentiquement arabe. Certains auteurs dramatiques ont bien entendu cet appel. Le dramaturge marocain Tayyib al-SiddĂźqĂź nĂ© en 1938 a expĂ©rimentĂ© des formes théùtrales inĂ©dites. Sa piĂšce, les MaqĂąma de BadĂźâ al-ZamĂąn al-HamadĂąnĂź, a pris la forme dâun théùtre nomade au vrai sens du terme ; il a en effet Ă©tĂ© jouĂ© dans une grande tente caĂŻdale et sâest dĂ©placĂ© de ville en ville dans le monde arabe. Son compatriote Abd el-KarĂźm Berrchid a fait de mĂȘme avec son théùtre quâil appelle cĂ©rĂ©monial ». Pour lui, le théùtre est en effet une fĂȘte qui plonge ses racines dans les rites, dans les fĂȘtes populaires et dans toutes les pratiques qui font la mĂ©moire dâun peuple ou dâune nation. LâArabe â qui nâavait jamais connu la scĂšne, au sens occidental du terme, et qui a connu par contre la halqa, le sĂąmir, le maddĂąh laudateur, le sultan al-talaba roi des Ă©tudiants34, etc. â ne peut pas apprĂ©cier Ă sa juste valeur la forme théùtrale occidentale, qui est le reflet dâun patrimoine philosophique et dâune vision du monde bien spĂ©cifique. Y. Idriss va lui-mĂȘme essayer dâintroduire la tradition Ă©gyptienne du sĂąmir causeur et conteur nocturne dans ses piĂšces. Câest une tradition dans laquelle les paysans fĂȘtent la fin dâune rude journĂ©e du travail ou celle de la rĂ©colte en interprĂ©tant des jeux de rĂŽle. AppliquĂ©e au théùtre, la tradition du sĂąmir favorise lâimprovisation, la participation de tous et une implication du spectateur. Idriss, dans sa piĂšce al-FarĂąfĂźr dĂ©jĂ citĂ©e, tente dâintroduire la tradition du sĂąmir et surtout du farfĂ»r le Scapin Ă©gyptien, cet acteur particulier dont Idriss dit quâil est bien le vĂ©ritable hĂ©ros Ă©gyptien un homme intelligent, un jongleur qui manie lâironie et la dĂ©rision, capable de jouer tous les rĂŽles. Ce nâest pas un acteur au sens oĂč nous lâentendons, car il est aussi acteur dans sa vie de tous les jours. La piĂšce dâIdriss a Ă©tĂ© dâabord accueillie avec beaucoup de rĂ©serve avant dâĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un grand moment du théùtre arabe. Nous ne lâanalyserons pas parce que son contenu est ici hors de propos, Ă©tant donnĂ© quâil ne rĂ©investit aucun texte mĂ©diĂ©val arabe. Son intĂ©rĂȘt pour nous est de poser, par sa forme, la question de la rĂ©novation du contenu et de la technique scĂ©nique. Un des dramaturges qui va sâinscrire brillamment dans cette voie est le Syrien Saadallah Wannous qui, pendant longtemps, a dominĂ© le théùtre arabe dâavant-garde. Saadallah Wannous 1941-1997 35 Pour une Ă©tude exhaustive en français, voir la thĂšse encore inĂ©dite de Batoul Jalabi-Wellnitz, Les ... 36 Beyrouth, DĂąr al-ĂądĂąb, 1996. Ce texte est traduit de lâarabe Syrie par Rania Samara, Marie Elias ... 55Wannous a Ă©crit plusieurs piĂšces35 oĂč il puise dans le patrimoine littĂ©raire arabe mĂ©diĂ©val. Nous pouvons citer MughĂąmarĂąt raâs al-mamlĂ»k GĂąbir Les Aventures de la tĂȘte de lâesclave Jabir, qui sâinspire dâun conte populaire arabe, et al-Malik huwa al-malik Le Roi est le roi, inspirĂ©e des Mille et une Nuits. Nous nâexaminerons ici que sa piĂšce intitulĂ©e MunamnamĂąt tĂąrĂźkhiyya Miniatures historiques36. Il sâagit de son Ćuvre théùtrale la plus aboutie. 37 E. Piscator 1993-1963, lâun des premiers Ă avoir adoptĂ© le théùtre documentaire, pense que la fi ... 56Ă premiĂšre vue, cette piĂšce relĂšve doublement du théùtre documentaire. Elle repose sur un Ă©vĂ©nement authentique â les circonstances du siĂšge et du sac de Damas par les Mongols â et sur un texte du XIVe siĂšcle qui rapporte cet Ă©vĂ©nement, Ă©crit par un historien qui en fut le tĂ©moin oculaire. Relevant du théùtre documentaire, cette piĂšce doit, en principe, sinon refuser toute fiction, du moins la rĂ©duire Ă la portion congrue37. 38 Câest une sorte dâhistoire universelle quâIbn KhaldĂ»n considĂšre comme lâĆuvre majeure de son Ă©poqu ... 39 Nous pouvons lire les dĂ©tails de cette rencontre dans la traduction de A. Cheddadi, op. cit., p. 2 ... 57Quel est le document historique sur lequel sâappuie la piĂšce de S. Wannous ? Câest un passage du Livre des Exemples38 de lâhistorien maghrĂ©bin Ibn KhaldĂ»n 1332-1406. Ce livre est prĂ©cĂ©dĂ© dâune autobiographie et dâune introduction imposantes al-Muqaddima qui Ă©tudient la sociĂ©tĂ© humaine et ses lois. Wannous va sâintĂ©resser Ă la vie de cet historien, Ă ses voyages, aux fonctions quâil a occupĂ©es, Ă ses rencontres avec les grands du monde de lâĂ©poque et en particulier Ă sa fameuse rencontre avec le conquĂ©rant Tamerlan TaymĂ»r, le Mogol pendant le siĂšge de Damas â rencontre quâIbn KhaldĂ»n rapporte lui-mĂȘme dans lâautobiographie qui ouvre Le Livre des Exemples. Nous ne pouvons pas citer ici ce texte in extenso39 ; nous pouvons par contre le rĂ©sumer en y puisant le maximum de citations 40 Sur cette thĂ©orie et son importance dans le systĂšme khaldĂ»nien, voir infra. Ibn KhaldĂ»n Ă©tait au service du Sultan au Caire, et, lorsque parvint en Ăgypte que Tamerlan sâĂ©tait emparĂ© du BilĂąd ar-RĂ»m et quâaprĂšs avoir dĂ©truit Sivas, il Ă©tait retournĂ© en Syrie, le sultan rĂ©unit ses troupes, ouvrit le bureau des soldes et donna Ă lâarmĂ©e lâordre de dĂ©part pour la Syrie » le 5 octobre 1400. Ă Damas, lâarmĂ©e du sultan Ă©gyptien et lâarmĂ©e de Tamerlan se sont affrontĂ©es plusieurs fois sans parvenir Ă une victoire. Mais on vint rapporter au sultan et aux plus grands de ses Ă©mirs que certains fauteurs de dĂ©sordre se prĂ©paraient Ă sâenfuir en Ăgypte pour y fomenter une rĂ©volte. Ils dĂ©cidĂšrent de rentrer aussitĂŽt, craignant que ces rebelles entraĂźnassent le peuple derriĂšre eux, ce qui pouvait causer lâeffondrement de lâĂtat ». Ce dĂ©part a plongĂ© les DamascĂšnes dans le dĂ©sarroi le plus total. Les cadis et juristes vinrent me voir. Je tins avec eux une rĂ©union Ă la medersa al-Adiliya, et ils se mirent dâaccord pour demander Ă lâĂ©mir Tamerlan la sĂ©curitĂ© pour leurs maisons et leurs femmes. Ils consultĂšrent le commandant de la citadelle, qui dĂ©sapprouva leur dĂ©cision. Mais ils passĂšrent outre⊠» La rencontre fut brĂšve et lâaman accordĂ©. Tamerlan se montra conciliant et renvoya les membres de la dĂ©lĂ©gation qui Ă©taient allĂ©s nĂ©gocier la soumission avec une invitation pour les autres notables et cadis de la ville. Ibn KhaldĂ»n Ă©tait connu dans lâentourage de Tamerlan oĂč juges, savants et historiens trouvaient asile. Câest pendant la nuit dâune grande rĂ©volte, prĂšs de la mosquĂ©e omeyyade, quâIbn KhaldĂ»n pris la dĂ©cision dâaller trouver Tamerlan. Il faut dire ici que câest bien la peur qui a poussĂ© Ibn KhaldĂ»n Ă aller rencontrer Tamerlan impressionnĂ© par les destructions massives et lâĂ©tat de dĂ©solation que laissait derriĂšre elle lâarmĂ©e mongole lĂ oĂč elle passait, et par les informations qui arrivaient dâAlep complĂštement pillĂ©e et incendiĂ©e, Ibn KhaldĂ»n prit les devants en quittant Damas en cachette. Jâentrai dans sa tente. Je le trouvai Ă demi allongĂ©, appuyĂ© sur son coude des plats lui Ă©taient prĂ©sentĂ©s, sur un signe quâil faisait Ă lâadresse des clans mongols assis en cercle devant sa tente. Dâabord, je le saluai, et lui marquai par un signe de tĂȘte ma soumission. Il leva la tĂȘte, me tendit sa main Ă baiser et me signifia de mâasseoir⊠». Ibn KhaldĂ»n a su user de tout son savoir et de toute sa diplomatie pour sauver sa vie. Il a mĂȘme acceptĂ© de composer pour Tamerlan une description gĂ©ographique du Maghreb, a utilisĂ© sa thĂ©orie de la âaçabiyya40 pour glorifier, en flatteur, le conquĂ©rant et son rĂŽle historique. Avant de quitter Tamerlan pour retourner en Ăgypte, il nâa pas oubliĂ© dâoffrir un cadeau Ă lâĂ©mir Je choisis au marchĂ© des livres un trĂšs beau Coran en un volume avec une reliure aux fers, un joli tapis de priĂšre, une copie dâal-Burda, le cĂ©lĂšbre poĂšme Ă la louange du ProphĂšte â que la priĂšre et le salut de Dieu soient sur lui â et quatre boĂźtes de trĂšs bonnes sucreries Ă©gyptiennes ». Il est arrivĂ© en Ăgypte en mars 1401. 41 Le titre mĂ©rite Ă lui seul une Ă©tude Ă part. Pourquoi Wannous a-t-il choisi ce titre, qui relĂšve d ... 58Nous avons repris les passages que Wannous reconduira dans sa piĂšce et qui en font la matiĂšre purement historique. Elle en reprend avec prĂ©cision les Ă©vĂ©nements, les personnages et le contexte gĂ©nĂ©ral. Nous pouvons maintenant suivre le contenu de la piĂšce. Elle est composĂ©e de trois munamnamĂąt miniatures41, elles-mĂȘmes divisĂ©es en plusieurs dĂ©tails ». 42 Peut-ĂȘtre Wannous cherche-t-il ici Ă ne pas idĂ©aliser Ă lâexcĂšs ce religieux. Son sens du devoir, ... 43 Les Mutazilites Ă©taient au Moyen Ăge un groupe thĂ©ologique rationaliste. Ils considĂ©raient en effe ... 59La premiĂšre miniature, consacrĂ©e au Cheikh BurhĂąn al-DĂźn al-TĂądilĂź, porte le titre suivant BurhĂąn al-DĂźn al-TĂądilĂź ou la dĂ©faite ». Le mot dĂ©faite » est Ă comprendre positivement, surtout si lâon compare ce religieux aux autres gestionnaires du sacrĂ© qui ne pensent quâĂ sâenrichir et Ă sauver leur vie lorsque le danger guette la nation. Le cheikh al-TadilĂź a rĂ©sistĂ© et nâa rien Ă©pargnĂ© pour dĂ©fendre la ville de Damas, malgrĂ© la supĂ©rioritĂ© militaire Ă©crasante des Mongols et la dĂ©fection du sultan dâĂgypte Farag ibn BarqĂ»q qui a laissĂ© derriĂšre lui ses sujets damascĂšnes seuls face Ă lâennemi. Sa dĂ©faite est une victoire puisque son nom passe Ă la postĂ©ritĂ© en tant que symbole de rĂ©sistance. Cette premiĂšre miniature donne le cadre gĂ©nĂ©ral de toute la piĂšce. Damas est menacĂ©e par les Mongols et leur assaut prend un caractĂšre imminent depuis que Hama et Alep sont tombĂ©es entre leurs mains. On rapporte mĂȘme que les victimes y Ă©taient si nombreuses que les Mongols en ont Ă©rigĂ© un minaret. Le gouverneur de la ville, reprĂ©sentant du sultan, demande Ă ce que la ville se rende, solution que les DamascĂšnes rejettent en bloc. Leur rĂ©action rĂ©jouit le cĆur dâal-TĂądilĂź qui organise la rĂ©sistance et demande Ă lâĂ©mir de la citadelle de Damas, âIzz al-DĂźn ĂzadĂąr, dâaffronter lâennemi avec les moyens du bord en attendant lâarrivĂ©e du sultan et de son armĂ©e dâĂgypte. Vient ensuite un Ă©pisode qui nâhonore ni lâĂ©mir ni al-TĂądilĂź42, Ă savoir la condamnation du cheikh muâtazilites43, JamĂąl al-DĂźn al-CharĂąâijĂź. On brĂ»le les livres de cet opposant » et on lâemprisonne au moment mĂȘme oĂč il exprime son dĂ©sir de faire son devoir de citoyen » et de participer Ă la dĂ©fense de la ville. Le jour oĂč le sultan se prĂ©pare Ă abandonner la ville pour repartir au Caire dĂ©fendre son trĂŽne menacĂ©, survient la premiĂšre confrontation entre al-TĂądilĂź et lâhistorien Ibn KhaldĂ»n Le chambellan, commence Ă sâĂ©nerver et Ă se mettre en colĂšre Le sultan, de par sa condition, se doit dâaffermir son pouvoir. Enseigne-lui, Ibn KhaldĂ»n, pourquoi les sultans combattent et pourquoi ils font la KhaldĂ»n Votre Ă©loquence, MaĂźtre, vous permet de formuler les choses beaucoup mieux que mon expression en criant Tu appelles la trahison Ă©loquence, Ibn KhaldĂ»n !Ibn KhaldĂ»n Le sultan sait mieux que nous oĂč est le devoir et le bon Un sultan qui ne protĂšge pas son pays et ses sujets perd toute chambellan Tu oses parler de la lĂ©gitimitĂ© du sultan ? p. 60 60Ă la fin de cette miniature, le cheikh al-TĂądilĂź trouve la mort en combattant lâennemi, mais la rĂ©sistance continue. Le rapport de forces dĂ©favorable aux DamascĂšnes, la trahison du sultan et les complots ourdis par les religieux et les commerçants ne laissent subsister aucune illusion sur lâissue de la bataille. 61La deuxiĂšme miniature est intitulĂ©e Waliyy al-DĂźn Abd al-RahmĂąn Ibn KhaldĂ»n » ou lâĂ©preuve de la science ». AprĂšs la mort dâal-TĂądilĂź, les ulĂ©mas menĂ©s par Ibn Muflih, alliĂ©s aux commerçants reprĂ©sentĂ©s par DulĂąma, se mettent tranquillement Ă semer le doute dans les cĆurs et dans les rangs des rĂ©sistants. Comme ils ne peuvent pas appeler franchement les DamascĂšnes Ă se rendre et Ă signer un traitĂ© de paix avec Tamerlan, ils vont jeter le trouble dans lâopinion, en dĂ©clarant ici et lĂ quâils ne savent pas quel chemin prendre, quâils ne peuvent que sâavouer perplexes et que Dieu seul sait oĂč est la vĂ©ritĂ© Ibn Muflih, affichant une attitude humble Seigneur, comment connaĂźtre le bon sens ? !Ibn al-NĂąbulsĂź Exact. Câest la question⊠Comment le mettre Ă lâĂ©preuve ?Ibn Muflih Toute la nuit jâai mĂ©ditĂ© cette affaire et je nâen ai rien tirĂ© de certain. Il mâest venu Ă lâesprit de sortir et de dire aux gens que je nâai que ma perplexitĂ© Ă leur offrir et que par les temps qui courent, je ne sais comment saisir la vĂ©ritĂ© ! p. 68 44 Voir son introduction au Livre des Exemples, p. XXIX. 62Le grand savant et historien Ibn KhaldĂ»n va leur emboĂźter le pas, non pas en se dĂ©clarant perplexe, mais en mettant sa science au service du choix quâil dĂ©fend se rendre pour Ă©pargner leurs biens et leur prestige. Nous savons que cet historien a dĂ©veloppĂ© lâidĂ©e selon laquelle toute force politique ou militaire naĂźt, monte Ă lâassaut du pouvoir et se stabilise grĂące Ă la âaçabiyya, notion que lâon peut traduire par esprit de corps » ou tout simplement par solidaritĂ© », comme le suggĂšre A. Cheddadi44. La âaçabiyya est beaucoup plus forte en milieu rural quâen milieu urbain. Lorsque la volontĂ© manque pour dĂ©fendre lâidĂ©al fixĂ© par la âaçabiyya, lorsque celle-ci se dilue dans le mode de consommation urbain ou dans le luxe, le pouvoir sâeffondre et est alors remplacĂ© par un autre, qui arrive du milieu rural et dont la âaçabiyya est plus dĂ©veloppĂ©e, et ainsi de suite ad infinitum. Câest le concept central de la âaçabiyya qui fonde chez Ibn KhaldĂ»n une conception cyclique du pouvoir al-mulk. Câest prĂ©cisĂ©ment cette idĂ©e de la âaçabiyya, ainsi que lâappareillage conceptuel qui lâaccompagne, que Ibn KhaldĂ»n lĂšguera Ă la postĂ©ritĂ©. 63Lorsque son disciple Charaf al-DĂźn demande Ă son maĂźtre dâuser de son prestige de savant respectĂ© pour encourager les gens Ă combattre lâennemi mongol et Ă honorer lâesprit dâal-TĂądilĂź, celui-ci lui rĂ©pond Ibn Khaldoun Sur quelle âaçabiyya sâappuyait al-TĂądilĂź lorsquâil prĂ©tendait appeler les gens Ă combattre ?Charaf al-DĂźn Sur la âaçabiyya des gens du ChĂąm et leur enthousiasme pour le combat. Pendant les obsĂšques, jâen ai parlĂ© Ă plusieurs et jâai pu moi-mĂȘme percevoir leur volontĂ© de rĂ©sister et de KhaldĂ»n, dâun ton las Ce nâest pas une âaçabiyya, Charaf al-DĂźn. La volubilitĂ© des jeunes et le dĂ©chaĂźnement de la populace nâont rien Ă voir avec la açabiyya. Les gens ici sont rongĂ©s par le luxe de la civilisation urbaine et leur âaçabiyya est complĂštement dĂ©truite. p. 77 64Petit Ă petit, lâautre Ibn KhaldĂ»n, celui qui nâest intĂ©ressĂ© que par la science et lâenregistrement de lâĂ©vĂ©nement brut, qui ne voit dans la rĂ©volte des DamascĂšnes que de lâagitation et qui nâhĂ©sitera pas Ă rencontrer Tamerlan pour lui demander lâaman, sâimpose Ă nous et renvoie aux oubliettes lâIbn KhadĂ»n de la Muqaddima. 65Le sixiĂšme dĂ©tail de la deuxiĂšme miniature â un dialogue entre Ibn KhaldĂ»n et son disciple â est central dans cette piĂšce. Il est consacrĂ© dans sa totalitĂ© Ă dĂ©finir ce quâest un savant, quel rĂŽle il doit avoir dans une sociĂ©tĂ© donnĂ©e et quelle position doit ĂȘtre la sienne lorsque sa nation subit une agression telle que celle menĂ©e par les Mongols. Au moment oĂč Ibn KhaldĂ»n prĂ©pare les cadeaux quâil doit offrir Ă Tamerlan, son disciple Charaf al-DĂźn lâinterpelle Mon maĂźtre ne peut-il pas changer dâavis ? » 66Ibn KhaldĂ»n ne veut mĂȘme pas en entendre parler. Il prĂ©fĂšre laisser la colĂšre, la rĂ©volte et le regret aux gens du peuple et aux fous. Pour lui, la perspective de rencontrer Tamerlan, un grand roi ainsi quâil le dit, lâaveugle complĂštement. Le disciple revient Ă la charge, car cela lâattriste Ă©normĂ©ment de voir son maĂźtre, respectĂ© dans tout le territoire arabe, se vautrer dans la trahison 45 Câest ainsi que nous traduisons âilm al-âUmrĂąn. Le âumrĂąn est une autre notion clef dâIbn KhaldĂ»n, ... Charaf al-DĂźn Quelle est la mission du savant alors ?Ibn KhaldĂ»n Le rĂŽle du savant est dâanalyser la rĂ©alitĂ© telle quâelle est, de suivre le cours des Ă©vĂ©nements et leurs causes al-DĂźn Les savants rĂȘvaient toujours dâun monde meilleur et nâavaient de cesse de chercher les moyens de remĂ©dier aux problĂšmes de leur temps. Ils mettaient Ă la disposition des gens leurs maniĂšres de concevoir des citĂ©s vertueuses dignes de lâhomme et de la sociĂ©tĂ© humaine. Al-FĂąrĂąbĂź nâa-t-il pas composĂ© Les Opinions des habitants de la citĂ© vertueuse ? Le MaĂźtre Aristote nâa-t-il pas Ă©crit deux livres lâun sur lâĂ©thique et lâautre sur la politique ? Je peux en citer dâ KhaldĂ»n Ceux-lĂ ne connaissaient pas la science de la sociĂ©tĂ© humaine45. Ils nâont pas examinĂ© les accidents objectifs et les changements nĂ©cessaires qui surviennent. Ceux-lĂ nâont pas compris quâĂ chaque Ă©vĂ©nement, quâil soit une essence ou un acte, correspond une nature qui lui est rĂ©servĂ©e en propre, ainsi quâaux Ă©tats qui se produisent. La sociĂ©tĂ© humaine a des rĂšgles constantes et rĂ©guliĂšres semblables Ă celles qui rĂ©gissent la succession des saisons et lâenchaĂźnement du jour et de la nuit. Câest cette ignorance qui les a induits Ă penser que la nature des Ă©tats peut ĂȘtre transformĂ©e par des vĆux pieux. p. 87 67La deuxiĂšme miniature finit sur la sĂ©paration du maĂźtre et du disciple qui accepte dâĂ©crire, sous la dictĂ©e du maĂźtre, les dĂ©tails de la visite quâil a rendue Ă Tamerlan. Mais lorsquâIbn KhaldĂ»n essaie de lui dicter une Description du Maghreb, que Tamerlan lui a demandĂ©e, Charaf al-DĂźn refuse catĂ©goriquement et dĂ©cide de rejoindre la rĂ©sistance. 68La troisiĂšme miniature est intitulĂ©e ĂzadĂąr lâĂ©mir de la citadelle ou le massacre ». Les religieux, les commerçants et les notables de Damas rĂ©ussissent Ă semer la zizanie et Ă disperser la rĂ©sistance en ville. Mais la citadelle continue de combattre. Tamerlan envoie ces notables discuter avec lâĂ©mir ĂzadĂąr et le convaincre de dĂ©poser les armes, mais les combattants les dĂ©pouillent de leurs vĂȘtements, et ils reviennent nus et humiliĂ©s vers Tamerlan. Câest lĂ que le conquĂ©rant mongol oblige les notables de Damas et les habitants qui ont Ă©chappĂ© jusque-lĂ Ă la mort Ă creuser des tunnels sous les remparts de la citadelle. La citadelle est ainsi prise et les envahisseurs se vengent de tout le monde, y compris de ceux qui sont censĂ©s ĂȘtre leurs alliĂ©s, Ă savoir les religieux, les commerçants et les notables. Le dernier dĂ©tail revient sur JamĂąl al-DĂźn al-CharĂąâijĂź, le muâtazilite qui vivait ses derniĂšres heures crucifiĂ© sur la place publique. Ni les religieux dĂ©voyĂ©s, ni al-TadilĂź, ni lâĂ©mir ĂzadĂąr, ni Tamerlan ne lâont Ă©pargnĂ© Je me demande, dit-il, comment ils ont pu se mettre dâaccord sur mon cas malgrĂ© la guerre qui les oppose et tout le sang versĂ©. » 46 Wannous ne donne pas de numĂ©ro Ă ce dĂ©tail, il le nomme dernier dĂ©tail ». 69Chacune de ces trois miniatures est divisĂ©e en plusieurs dĂ©tails tafsĂźl. Wannous introduit les dĂ©tails I 1, 4, 5, 6, 8, 10, 11, 12, 13, II 2, 4, 5, 8 et III 4, 5, 6, 8, 10, 11, 12, 1346 par des textes dâun historien ancien ». Ces textes, que notre dramaturge a Ă©crits en imitant le style des historiens arabes mĂ©diĂ©vaux, peuvent aussi bien ĂȘtre lus sĂ©parĂ©ment, comme un Ă©clairage fondamental pour la piĂšce. Le texte I. 1 peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une introduction Ă toute la piĂšce, car il anticipe les Ă©vĂ©nements qui vont se dĂ©rouler tout au long du rĂ©cit. La scĂšne quâil dĂ©crit le sac dâAlep par Tamerlan est une miniature de lâaction principale, en lâoccurrence le sac de Damas. Câest une mise en abyme, mais qui ne sâarrĂȘte pas Ă ce niveau les textes attribuĂ©s Ă cet historien ancien », pris dans leur ensemble, constituent un théùtre dans le théùtre qui est la forme la plus connue de mise en abyme. Ă chaque fois que Wannous les enchĂąsse dans sa piĂšce, ils miment, en lâencadrant, le thĂšme théùtral quâils introduisent. Câest la raison pour laquelle il ne faut pas les prendre pour des voix off, comme leur rĂ©partition dans la piĂšce pourrait induire Ă penser. Sâils constituent un théùtre dans le théùtre, câest quâils relĂšvent bel et bien dâun personnage de la piĂšce Ă©crite ou dâun acteur de la reprĂ©sentation. 70Bien plus, les textes de cet historien ancien », Ă©crits dans une langue arabe mĂ©diĂ©vale proche de lâĂ©pure, participent grandement Ă la constitution du sens de la piĂšce par ce quâils ne disent pas. En effet, tout en dĂ©roulant les circonstances et les consĂ©quences de lâhistoire principale le sac dâAlep puis de Damas, ces textes laissent supposer en creux une histoire seconde, incomplĂšte, voire un peu dĂ©calĂ©e par rapport aux dĂ©tails » et aux dialogues. Ainsi, au moment oĂč Tamerlan continue de camper Ă quelques pas de la ville de Damas, guettant lâoccasion de la plonger dans la terreur, notre historien ancien » Ă©crit Le 23 du mĂȘme mois, la dĂ©lĂ©gation a quittĂ© [la ville] Ă la rencontre de Tamerlan. Il y avait dans cette dĂ©lĂ©gation Ibn Muflih al-NĂąbulsĂź, Ibn al-âIzz, Mohammad ibn AbĂź al-Tayyib, DulĂąma le commerçant. Ils portaient avec eux des tissus, de la fourrure, de la viande grillĂ©e, de la confiserie et tout ce qui peut sâoffrir en cadeau⊠Ils ont dit que les prĂ©sents avaient plu Ă Tamerlan et quâil leur avait remis lâĂ©crit de lâaman pour les habitants de Damas dont on peut lire Que les notables, les chefs, les commerçants et les gens du peuple sachent quâils ont la sĂ©curitĂ© pour eux, leurs biens et leurs femmes ». Ils ont alors dĂ©cidĂ© de lever les impĂŽts Ă Damas de lâordre dâun million de dinars et de lui ramener tous les biens et les bĂȘtes de somme que le sultan avait laissĂ©s derriĂšre lui. La dĂ©lĂ©gation ne tarissait pas dâĂ©loge sur Tamerlan, ses mĂ©rites et sa vertu. p. 96 71La description de cette entente Ă quel prix ? entre lâenvahisseur et les reprĂ©sentants » de la population damascĂšne, crĂ©e un malaise chez le lecteur. On sent quâelle est provisoire et que Tamerlan ne lâaccorde aux reprĂ©sentants » de la ville que pour les humilier encore plus. Le texte ne dit rien de cette humiliation, mais on la sent affleurer dans le texte. Le dĂ©tail 8 qui vient directement aprĂšs ce texte la confirme, quoique subrepticement lâentente entre Tamerlan et les reprĂ©sen-tants » est battue en brĂšche par la mĂ©sentente entre Ibn KhaldĂ»n favorable Ă lâinitiative de la dĂ©lĂ©gation et son disciple Charaf al-DĂźn favorable, comme la plupart de la jeunesse damascĂšne, Ă la rĂ©sistance. La mĂ©sentente ne scelle pas seulement la rupture entre le maĂźtre et son disciple, mais surtout la rupture entre deux camps, celui de la collaboration et celui de la rĂ©sistance. 72Mais qui est finalement ce personnage qui dit ces textes et que Wannous appelle historien ancien » ? Il faut remarquer quâil intervient Ă chaque fois seul et quâĂ aucun moment il ne participe aux dialogues. Son rĂŽle est de relier les dĂ©tails des miniatures entre eux et de permettre au lecteur ou au spectateur de ne pas perdre le dĂ©roulement de la piĂšce ou, pour filer la mĂ©taphore picturale, de reconstituer Ă son aise les miniatures Ă partir des dĂ©tails⊠Câest le hakawĂątĂź, ce conteur oriental spĂ©cialiste des histoires des peuples anciens et des hĂ©ros passĂ©s et prĂ©sents. Lâhistorien de Wannous est bien un hakawĂątĂź, mais revu et corrigĂ© par notre dramaturge. En tant quâil rapporte les Ă©vĂ©nements qui se dĂ©roulent â ou se sont dĂ©roulĂ©s â devant lui et en tant quâil essaie de trouver les lois qui les rĂ©gissent, il est un historien Ă lâimage dâIbn KhaldĂ»n. Mais en tant quâil rapporte des dĂ©tails â relevant parfois de lâĂ©trange ou du merveilleux, du comique ou de lâanecdotique â, il est bien un hakawĂątĂź qui permet Ă Wannous de crĂ©er un espace familier au spectateur, de lâattirer et de le sĂ©duire avant de lâimpliquer dans la reprĂ©sentation. Voici un exemple oĂč lâhistorien se fait hakawĂątĂź Pendant cette pĂ©riode [qui a suivi la rencontre avec Tamerlan], les femmes ont Ă©tĂ© touchĂ©es par le dĂ©mon du hennĂ©. Chaque femme ou fille voulait se teindre au hennĂ©, Ă tel point quâil nây en avait plus sur le marchĂ© et que lâon se disputait devant les boutiques pour en avoir. Lorsque jâen ai demandĂ© la raison, jâai appris que âĂtika al-BĂąâĂ»niyya avait rĂȘvĂ© que le roi des djinns sâĂ©tait prĂ©sentĂ© devant elle⊠Il Ă©tait plus grand que le minaret de la mosquĂ©e et lui avait dit Nâaie pas peur de moi ! Si tu ne fais pas ce que je te demande, tu y auras des raisons dâavoir peur. Dis aux filles et aux femmes de Damas de se teindre au hennĂ© sinon elles subiront ce quâont subi les femmes dâAlep de la part de lâarmĂ©e de Tamerlan. » AprĂšs quoi, il a touchĂ© sa poitrine et sâest Ă©vanoui tel un nuage⊠p. 96 73Des histoires de ce genre permettent aux spectateurs de ne pas ĂȘtre dĂ©paysĂ©s et de retrouver des repĂšres qui re-théùtralisent » la scĂšne, conformĂ©ment aux traditions du spectacle avec lesquelles ils sont familiarisĂ©s. Faire intervenir lâart du hakawĂątĂź permet Ă Wannous dâinstaurer doucement mais sĂ»rement un théùtre arabe, en rĂ©investissant avec brio non seulement un contenu â le patrimoine littĂ©raire mĂ©diĂ©val â, mais aussi une forme orientale ancienne â la technique du conteur. Sur scĂšne, cette technique permettra de casser le quatriĂšme mur et dâobtenir la participation du public. Le hakawĂątĂź officie normalement dans un cercle, entourĂ© de gens qui lâĂ©coutent dans un cafĂ©, une grande maison privĂ©e, les rues, etc. Il est libre de ses mouvements, et le petit espace dâune scĂšne Ă lâitalienne, surĂ©levĂ©e de surcroĂźt par rapport Ă la salle, ne peut le contenir. Ce hakawĂątĂź peut alors circuler librement et faire le va-et-vient entre la scĂšne et la salle. 74Une autre technique oĂč Wannous excelle dans cette piĂšce est la distanciation. Il la trouve dâabord chez Brecht, bien sĂ»r, mais nâhĂ©site pas Ă la retoucher. Pour Brecht 47 Petit organon pour le théùtre, traduit par Jean Tailleur, Paris, LâArche, 1978, p. 57. Une reproduction qui distancie est une reproduction qui, certes, fait reconnaĂźtre lâobjet, mais qui le fait en mĂȘme temps paraĂźtre 75Cette distanciation peut sâappliquer Ă lâhistoire quâon raconte ou quâon met en scĂšne, au dĂ©cor, Ă la gestualitĂ©, Ă la diction, etc. Wannous laisse entendre quâil lâapplique surtout au jeu. Lâacteur nâincarne pas que son personnage, mais se fait aussi le critique de ce personnage. Il peut sortir de son rĂŽle et le tenir Ă distance. Ainsi, lorsque Charaf al-DĂźn se prĂ©pare Ă quitter dĂ©finitivement son maĂźtre Ibn KhaldĂ»n et que celui-ci cherche Ă lâen empĂȘcher Charaf al-DĂźn Je me dĂ©brouillerai. Tenant son rĂŽle Ă distance. Que dira de toi lâhistoire, MaĂźtre ?Ibn KhaldĂ»n, tenant son rĂŽle Ă distance Lâhistoire ne retiendra que la science que jâai dĂ©couverte et le livre que jâai composĂ©. Quant aux Ă©vĂšnements et aux positions Ă©phĂ©mĂšres, cela nâintĂ©resse person-ne, sauf les mauvais esprits comme toi ou comme lâauteur de cette histoire. p. 101 48 Patrice Pavis, Dictionnaire du théùtre, Paris, Armand Colin, 2004, voir sous Distanciation », p. ... 49 Ibid., p. 99. 76La distanciation atteint ici son plus haut degrĂ©, Ă tel point que mĂȘme Wannous sâinvite dans le dialogue. On voit bien que lâauteur essaie de mettre ici en place une technique dĂ©sillusionnante »48 propre Ă sortir le spectateur de la rĂ©alitĂ© scĂ©nique. Il lâempĂȘche de sombrer dans lâillusion de la scĂšne, de sâidentifier au personnage. Il fait en sorte que son attention se porte sur la fabrication de lâillusion, sur la façon dont les comĂ©diens construisent leurs personnages »49. Câest ainsi que Wannous nâhĂ©site pas Ă dĂ©doubler », chaque fois que cela est nĂ©cessaire, ses personnages. Lâacteur doit jouer son rĂŽle, tout en pensant Ă le tenir Ă distance. Wannous trouve chez Brecht une technique qui, finalement, peut trĂšs bien trouver sa place dans la tradition du spectacle arabe. Le hakawĂątĂź, le maddĂąh, lâhomme de la halqa et mĂȘme Shahrazade dans Les Milles et une Nuits ne sâidentifient pas Ă leur histoire ou au rĂŽle quâils jouent ; de temps en temps, ils arrĂȘtent le dĂ©roulement de leur spectacle ou de leur conte pour rappeler au public qui les Ă©coute que la rĂ©alitĂ© quâils vivent nâest pas la rĂ©alitĂ© quâils entendent, que la rĂ©alitĂ© quâils entendent peut corriger la rĂ©alitĂ© quâils vivent et que la vie est un conte, mais pas seulement. Bien plus, le drame qui se joue dans ce quâon joue ou entend est en rĂ©alitĂ© beaucoup moins grave que les drames quâon vit. 50 Les dĂ©tails, les anecdotes et le texte de lâancien historien » ne remettent en aucun cas en caus ... 77Reste Ă dire un mot sur la maniĂšre dont Wannous conçoit le turĂąth ou le patrimoine littĂ©raire mĂ©diĂ©val. Avec la figure dâIbn KhaldĂ»n, on comprend quâil est loin dâidĂ©aliser ce patrimoine. Ibn KhaldĂ»n Ă©voque de façon mĂ©tonymique lâintellectuel. Tout se passe comme si Wannous prĂ©sentait deux Ibn KhaldĂ»n, ou comme si celui-ci superposait deux reprĂ©sentations dâun cĂŽtĂ©, un Ibn KhaldĂ»n renvoyant au rĂ©fĂ©rent historique du XIVe siĂšcle qui a Ă©crit La Muqaddima et a rencontrĂ© Tamerlan ; de lâautre, un Ibn KhaldĂ»n renvoyant Ă un rĂ©fĂ©rent historique du XXe siĂšcle. Comment un Ibn KhaldĂ»n nous parlerait-il aujourdâhui et comment pourrions-nous lui rĂ©pondre ? Tout se passe comme si⊠Mais la technique de Wannous est plus subtile encore. AprĂšs la lecture de la piĂšce, nous sommes placĂ©s devant un seul Ibn KhaldĂ»n. Le dramaturge avalise lâidĂ©e selon laquelle il y a eu un historien cĂ©lĂšbre et respectĂ© nommĂ© Ibn KhaldĂ»n, dont lâĆuvre imposante est passĂ©e Ă la postĂ©ritĂ©. Mais en mĂȘme temps, il le somme de rĂ©vĂ©ler dâautres facettes de sa personnalitĂ©. GrĂące Ă lâexcellent montage que fait Wannous du texte dâIbn KhaldĂ»n, grĂące aux dĂ©tails minutieux quâil donne de sa rencontre avec Tamerlan en pleine prĂ©paration du massacre des habitants de Damas, le lecteur puis le spectateur prend petit Ă petit ses distances avec le cĂ©lĂšbre historien. Il faut dire que, si Wannous met le texte dâIbn KhaldĂ»n Ă lâĂ©preuve de la forme dramatique, il nâintervient pas sur la matiĂšre historique qui, elle, reste fidĂšle au texte original50. Et câest cette forme dramatique qui finit par donner Ă lâauteur de La Muqaddima sa plĂ©nitude historique. De sorte que nous ne sommes plus devant deux Ibn KhaldĂ»n entre lesquels on hĂ©siterait Ă choisir⊠Nous ne sommes plus en face que dâun seul Ibn KhaldĂ»n, le grand historien et lâintellectuel qui a trahi les siens en rencontrant Tamerlan. La piĂšce de Wannous ne choisit pas. 78La maniĂšre dont la figure dâIbn KhaldĂ»n est traitĂ©e dans cette piĂšce montre Ă quel point Wannous veut en finir avec une image idĂ©alisĂ©e du turĂąth. Il est vrai que ce patrimoine est historiquement et culturellement riche, mais ce nâest pas pour autant quâil faut le fĂ©tichiser. Pour maĂźtriser le turĂąth et pour pouvoir le mettre Ă distance, il faut aussi le lire comme un monde de possibles, et non pas comme un prĂ©sent Ă©ternel. Le lire comme un monde de possibles, câest pouvoir poser les questions qui le dĂ©verrouillent Qui Ă©tait cet Ibn KhaldĂ»n, en vĂ©ritĂ© ? Ătait-il obligĂ© de rencontrer Tamerlan ? Que se serait-il passĂ© si Ibn KhaldĂ»n nâavait pas rencontrĂ© Tamerlan ? 79Chaque moment de lâhistoire mĂ©diĂ©vale peut ĂȘtre reconstruit en le mettant Ă lâĂ©preuve de la forme dramatique. Chaque Ă©lĂ©ment du turĂąth peut ĂȘtre revu afin quâil rĂ©vĂšle dâautres possibles quâon ne cesse de taire pour des raisons idĂ©ologiques Ă©videntes. Palimpseste, texte Ă trous, puzzle Ă construire, tel est le texte mĂ©diĂ©val oĂč sâinscrit le théùtre de Wannous. Quelles quâen soit la force ou la pertinence, il demeure toujours pour ce dernier un document forclos quâil convient de sonder, afin dâen reconduire la vĂ©ritĂ© cachĂ©e. 80Peut-on dire, finalement, que le théùtre arabe a trouvĂ© ses textes grĂące Ă ce retour vers le passĂ© mĂ©diĂ©val et Ă lâadoption dâune forme théùtrale qui sâinspire de sa tradition ? Rien nâest moins sĂ»r. Dâabord parce que, contrairement Ă ce quâon peut imaginer, cette technique de rĂ©appropriation du passĂ© dans le théùtre est extrĂȘmement ardue. Une figure comme Wannous est une exception. Pour rĂ©ussir une telle entreprise, il faut maĂźtriser les textes du passĂ© et leur contexte, mais surtout la maniĂšre de les enchĂąsser dans une forme dramatique, sinon il ne sâagirait que dâun placage sans intĂ©rĂȘt esthĂ©tique. Depuis lâappel lancĂ© par Idriss pour un théùtre authentiquement arabe, la plupart des dramaturges se sont prĂ©cipitĂ©s vers les textes mĂ©diĂ©vaux, ce qui a créé une sorte de saturation. Si certains de ces textes sont dâun grand intĂ©rĂȘt intellectuel et esthĂ©tique, ils ne peuvent pas tous parler Ă un homme arabe du prĂ©sent qui a des problĂšmes bien plus graves que celui de lâidentitĂ©. 51 Il est arrivĂ© Ă ce poĂšte de lire ses poĂšmes devant 12 000 personnes dans un stade de football en S ... 81Par ailleurs, le théùtre arabe est loin dâĂȘtre sorti de cette Ă©trangetĂ© qui lâaccompagne depuis son importation au milieu du XIXe siĂšcle. Les théùtres arabes se vident, voire se ferment de plus en plus, et cette Ă©trangetĂ© nâen est que plus Ă©vidente lorsquâon compare le public de cet art avec le public de certaines soirĂ©es poĂ©tiques. Mobiliser des centaines de personnes dans une ville arabe51, câest ce que fait un poĂšte comme M. Darwich, et câest ce quâon nâoserait imaginer pour le théùtre arabe, mĂȘme dans les rĂȘves les plus fous. Haut de page Notes 1 Nous transcrivons de maniĂšre simple les noms et les mots arabes que lâon ne trouve pas dans les dictionnaires français des noms propres. Ă signaler que toutes les traductions sont les nĂŽtres, sauf mention contraire. 2 Livre dâun grand intĂ©rĂȘt historique et littĂ©raire. Le dayr nâĂ©tait pas seulement un lieu de piĂ©tĂ© pour les ChrĂ©tiens du Moyen-Orient mĂ©diĂ©val, mais aussi et surtout une taverne pour les Musulmans qui le frĂ©quentaient. Tout en Ă©tant une maison religieuse, il se transformait de temps en temps en un lieu de divertissement et de dĂ©bauche pour certains poĂštes de lâĂ©poque, voire pour des hommes politiques haut placĂ©s. Ce lieu a produit un genre littĂ©raire bien particulier appelĂ© dayriyyĂąt qui demeure complĂštement ignorĂ© par la littĂ©rature arabe moderne. Il a fait florĂšs entre les IXe et Xe siĂšcles et relatait les aventures, les anecdotes et les excentricitĂ©s des occupants qui le frĂ©quentaient. Voir Ă ce propos Dominique Sourdel, Dayr », dans EncyclopĂ©die de lâIslam, II, Leyde, Brill, p. 200-202. 3 Al-ChĂąbuchtĂź, al-DiyĂąrĂąt Les Couvents, Beyrouth, DĂąr al-rĂąâid al-ÌarabĂź, 1986, p. 187-188. 4 La description que fait Pierre Loti du spectacle des karagöz en 1879, tel quâil lâa vu en Turquie, est dâun grand intĂ©rĂȘt historique. Elle peut ĂȘtre gĂ©nĂ©ralisĂ©e, Ă quelques exceptions prĂšs, Ă tout le monde arabe Karagueuz offre beaucoup dâanalogies de caractĂšre avec le vieux polichinelle français ; aprĂšs avoir battu tout le monde, y compris sa femme, il est battu lui-mĂȘme par ChĂ©ytan â le diable â qui finalement lâemporte, Ă la grande joie des spectateurs. Karagueuz est en carton ou en bois ; il se prĂ©sente au public sous forme de marionnette ou dâombre chinoise ; dans les deux cas, il est Ă©galement drĂŽle. Il trouve des intonations et des postures que Guignol nâavait pas soupçonnĂ©es ; les caresses quâil prodigue Ă madame Karagueuz sont dâun comique irrĂ©sistible. Il arrive Ă Karagueuz dâinterpeller les spectateurs et dâavoir des dĂ©mĂȘlĂ©s avec le public. Il lui arrive aussi de se permettre des facĂ©ties tout Ă fait incongrues, et de faire devant tout le monde des choses qui scandaliseraient mĂȘme un capucin. En Turquie, cela passe ; la censure nây trouve rien Ă dire, et on voit chaque soir les bons Turcs sâen aller, la lanterne Ă la main, conduire Ă Karagueuz des troupes de petits enfants. On offre Ă ces salles pleines de bĂ©bĂ©s un spectacle qui, en Angleterre, ferait rougir un corps de garde. » AziyadĂ©, Paris, GF-Flammarion, 1989, p. 82-83. 5 Un quartier de Bagdad. 6 al-BayĂąn wa al-tabyĂźn, AbdessalĂąm HĂąrĂ»n Ă©d., Beyrouth, DĂąr al-jĂźl, t. I, p. 69-70. 7 On ne peut pas toutes les Ă©numĂ©rer ici. Chaque pays arabe peut parler de sa propre théùtralitĂ©. On trouve par exemple au Maroc le spectacle de la áž„alqa le cercle. Lâhomme de la áž„alqa est le continuateur de ces comĂ©diens » dĂ©peints par Jahiz, qui peuvent ĂȘtre Ă la fois humoristes-imitateurs, conteurs, musiciens, voire jongleurs. Il officie au milieu dâun cercle humain sur les places publiques ou dans les mĆ«sem fĂȘtes consacrĂ©es au saint dâune ville, dâune confrĂ©rie ou dâune tribu. Avec un peu de chance, on peut encore les trouver sur la place de JÄmiâ- l-fnÄ Ă Marrakech, ainsi que dans dâautres petites villes. Câest un phĂ©nomĂšne qui est malheureusement en train de disparaĂźtre. On peut aussi Ă©voquer lâart de la SĂźra en Ăgypte. Il sâagit tout particuliĂšrement de la SĂźra des BanĆ« HilÄl la geste des Hilaliens câest lâart de raconter lâĂ©popĂ©e tragique dâune tribu arabe les HilÄl, contrainte par la faim de quitter la pĂ©ninsule arabique et dâentamer une longue et triste pĂ©rĂ©grination vers lâouest vers la Tunisie en particulier. En Ăgypte, pendant les soirĂ©es du Ramadan, un poĂšte chanteur Ă©pique prenait place dans un cafĂ© populaire, entourĂ© de deux ou trois musiciens, et commençait Ă dĂ©clamer la geste devant un public fascinĂ© par des intrigues Ă la fois toujours identiques et toujours diffĂ©rentes le poĂšte, qui sait parfaitement maĂźtriser aussi bien les rouages de la geste que lâĂ©motion de ses auditeurs, doit rester fidĂšle aux Ă©vĂ©nements, mais aussi innover dans lâexpression. Le phĂ©nomĂšne a presque disparu. Il subsiste ici et lĂ quelques poĂštes qui exercent cet art et nâofficient plus dans leur milieu naturel de jadis, mais dans des théùtres musicaux ou sur les ondes. Un de ces grands poĂštes Ă©piques MaĂźtre Sayed al-Dowwi est maintenant enregistrĂ© sur CD en deux volumes, Ă©ditĂ©s par lâInstitut du Monde Arabe et la CitĂ© de la Musique. La seule forme de théùtralitĂ© qui aurait pu aboutir Ă un théùtre proprement dit est la taâziya des Chiâites. Câest une reconstitution du martyre dâal-Husayn ibn Ali, petit-fils du prophĂšte. Contrairement Ă ce quâaffirment Heidi Toelle et Katia Zakaria dans leur livre Ă la dĂ©couverte de la littĂ©rature arabe Paris, Flammarion, 2003, p. 206, cette forme nâest pas restĂ©e confinĂ©e au domaine du religieux et du sacrĂ©. Certes, les Chiâites pleureront al-Husayn tant quâil sera Ă leurs yeux leur intercesseur le jour du Jugement Dernier, mais ils le pleureront aussi, dans un spectacle théùtral tragique, pour crier leur colĂšre contre un despote ou contre une catastrophe. 8 Dans LâAleph, Paris, Gallimard, LâImaginaire, 1967, p. 117-130. 9 On peut cependant ouvrir des pistes de discussion. Nâoublions pas que le théùtre grec est liĂ© Ă Dionysos, dieu du vin. La procession en honneur Ă ce dieu venait lui offrir un sacrifice animal sur un autel rond en pierre, la tymĂšlĂ©. Au Moyen Ăge europĂ©en, le théùtre va sâenraciner dans le christianisme et lâĂglise fera des drames liturgiques la premiĂšre manifestation du théùtre moderne, car ce sont eux qui Ă©volueront vers des formes plus Ă©laborĂ©es, Ă savoir les miracles et les mystĂšres, avant de donner lieu Ă un théùtre profane. Heidi Toelle et Katia Zakaria Ă©crivent que, si le théùtre Ă©tait ignorĂ© en terre dâislam, câest parce quâ il nâexiste pas de liturgie proprement dite en islam, les rituels ne font intervenir aucun acteur, Ă lâexception du croyant, et, contrairement au Christ, Allah ne sâest pas incarnĂ© » op. cit., p. 206. 10 Il est certain quâun mouvement tel que la Nahda arabe est le rĂ©sultat dâun processus beaucoup plus complexe, et dĂ©passe largement ces deux figures emblĂ©matiques. Aux rĂ©formes initiĂ©es par ces deux hommes, on peut ajouter les facteurs suivants a le dĂ©clin de lâempire ottoman ; b la naissance dâun mouvement national luttant conjointement contre le despotisme ottoman et les premiĂšres visĂ©es occidentales dans la rĂ©gion ; c le travail acharnĂ© des chrĂ©tiens syro-libanais pour rĂ©former la langue arabe, Ă©diter les textes et multiplier les Ă©tablissement scolaires ; d la modernisation militaire et administrative de lâĂgypte entreprise par Muhammad Ali 1805-1849 grĂące Ă des experts italiens et français et, surtout, grĂące Ă lâenvoi de missions dâĂ©tude en Europe⊠11 Les limites que nous donnons Ă cette pĂ©riode â que lâon peut qualifier aussi de âclassiqueâ â peuvent ĂȘtre discutables. Pour certains, elle dĂ©bute avec lâIslam 622, voire, pour les spĂ©cialistes de la littĂ©rature, avec la littĂ©rature antĂ©-islamique. Pour dâautres, elle prend fin avec le sac de Bagdad en 1258. Aux premiers, nous disons que câest Ă la fin du VIIIe siĂšcle que les Arabes commencent Ă recopier leur hĂ©ritage culturel â lâĂ©poque antĂ©-islamique, le dĂ©but de lâIslam et les Ă©crits des civilisations grecque, persane et indienne qui leur sont alors parvenus â pour lâĂ©riger en Tradition câest ce que M. A. al-JĂąbrĂź nomme lâ Ăpoque de la Codification » âAsr al-tadwĂźn. Aux seconds, nous rĂ©torquons quâarrĂȘter cette pĂ©riode au sac de Bagdad, câest faire fi de toute la tradition intellectuelle et philosophique qui va se poursuivre au Maghreb et en Andalus, et aboutir Ă la figure dâIbn KhaldĂ»n mort en 1406. 12 Il sâagit du conte de AyyĂ»b le marchand, de son fils GhĂąnim et de sa fille Fitna que lâon peut lire dans Les Mille et une Nuits, texte traduit, prĂ©sentĂ© et annotĂ© par Jamel Eddine Bencheich et AndrĂ© Miquel, Paris, Gallimard, La PlĂ©iade, 2005, p. 335. 13 Voir supra le texte du Jahiz. Le hakawĂątĂź conteur raconte la vie des hĂ©ros du passĂ©, mais il peut aussi faire office de muqallid mime ou de critique Ă la dent dure envers un personnage illustre. Bref, câest un vrai acteur qui peut facilement passer dâun rĂŽle de femme Ă celui dâun animal ou dâun roi. Câest cette sorte dâhomme Ă tout jouer qui correspond parfaitement Ă lâacteur » arabe que Y. Idriss cherche Ă retrouver pour bĂątir un théùtre arabe autonome, voir infra. 14 Journal dâun notable du Caire, Paris, Albin Michel, 1979, p. 274. 15 En 1878, six ans avant lâarrivĂ©e dâal-QabbĂąnĂź et de sa troupe, YaâqĂ»b SannĂ»â est sommĂ© de quitter lâĂgypte pour un long exil parce que ses propos politiques et satiriques nâont pas plu au KhĂ©dive. En 1888, quatre ans aprĂšs son arrivĂ©e, lâuniversitĂ© dâal-Azhar sâoppose par un dĂ©cret aux choix des Ă©tudiants qui souhaitent ĂȘtre comĂ©diens. Câest dire Ă quel point le théùtre a du mal encore Ă sâimplanter, y compris dans un pays sensĂ© ĂȘtre ouvert Ă tous les talents de lâĂ©poque. 16 Al-Masraáž„ fĂź al-âĂąlam al-âarabĂź Le Théùtre dans le monde arabe, 2e Ă©dition, KoweĂŻt, 1999, p. 73 nous traduisons. 17 J. Berque, Langage arabe du prĂ©sent, Paris, Gallimard, 1974, p. 206. 18 Le Coran, Paris, Albin Michel, 1995, p. 307-308. 19 La premiĂšre mention de cette lĂ©gende en Occident est dans GrĂ©goire de Tours fin Ve siĂšcle, De gloria martyrum, 1. I, c. XCV, B. Krusch et W. Lewison Ă©ds, Hanovre, 1885. 20 Nous avons reconstruit cette lĂ©gende Ă partir de plusieurs exĂ©gĂšses coraniques et Ćuvres mĂ©diĂ©vales dont les plus importantes sont al-KachchĂąf Le Prospecteur de ZamakhcharĂź 1075-1144, al-KĂąmil fi al-tĂąrĂźkh Le Parfait dans lâhistoire de Ibn al-AthĂźr 1160-1234, ĂthĂąr al-bilĂąd wa akhbĂąr al-âibĂąd Ă propos des pays et des humains de QazwĂźnĂź v. 1203-1283 et Subh al-AâchĂą LâAube dâal-AâchĂą de QalqachandĂź 1355-1418, voir ces Ćuvres dans le site ; voir aussi al-ThaâlabĂź m. 1035, QisĂąs al-anbiyĂąâ Histoires des prophĂštes, Muhammad Sayyid Ă©d., Le Caire, 2001, p. 555-577. 21 Ed. DĂąr al-kitĂąb al-lubnĂąnĂź, Beyrouth, 1984, 142 p. 22 Ibid., p. 24-25. Ce passage marque le dĂ©but dâune kyrielle de quiproquos â domaine oĂč al-HakĂźm va exceller â qui vont Ă©mailler toute la piĂšce. Il y a trois sortes de quiproquos en théùtre un quiproquo interne Ă la piĂšce, un quiproquo externe Ă la piĂšce et un quiproquo mixte. Dans Les Gens de la caverne, tous les quiproquos vont ĂȘtre internes Ă la piĂšce ; câest la situation oĂč le spectateur ou le lecteur se rend compte quâun personnage en prend un autre ou une autre chose pour ce quâil ou elle nâest pas. 23 Ibid., p. 54-55. 24 Traduction, prĂ©face et notes par J. Trabucco, Paris, GF-Flammarion, 1964. 25 Nous utilisons pour cette piĂšce lâĂ©dition du Caire, al-Matbaâa al-namĂ»dajiyya, La piĂšce compte 152 pages, dont une page Ă©crite par lâauteur pour introduire la 3e Ă©dition et quatre pages du texte arabe de lâintroduction de la traduction française. La piĂšce a en effet Ă©tĂ© traduite en français en 1936, Paris, Nouvelle Ă©dition latine, traduction aujourdâhui introuvable. 26 Cette piĂšce, Ă©crite en 1919, est aujourdâhui introuvable. Câest lâhistoire dâun hĂŽte qui arrive chez une famille comme toutes les autres et refuse de partir. On comprend aisĂ©ment que cet hĂŽte symbolise lâoccupation britannique de lâĂgypte. 27 Le but de ce voyage est de faire une thĂšse en droit, mais lâamour du théùtre, de la littĂ©rature et de la vie artistique parisienne lâen ont dĂ©tournĂ©. Il revient en Ăgypte en 1928 et se consacre Ă lâĂ©criture. 28 Lâintroduction Ă sa piĂšce Pygmalion, Tunis, Al-DĂąr al-tĂ»nissiyya li al-nachr, 1978 1re Ă©d. 1942, p. 6. 29 Signalons que la Troupe Nationale dâĂgypte, créée en aoĂ»t 1935, a jouĂ© Les Gens de la caverne en 1936, en prĂ©sence dâal-HakĂźm. 30 Nâoublions pas quâaprĂšs avoir Ă©crit ces deux piĂšces puisĂ©es dans le passĂ© mĂ©diĂ©val arabe, T. al-Hakim va dâabord Ă©crire Ă partir du patrimoine de lâAutre lâOccident en signant Pygmalion en 1942 et Ćdipe-Roi en 1949, avant de subir les influences du théùtre de lâabsurde avec ĂŽ toi qui montes Ă lâarbre 1962, et dâaffirmer un théùtre plus personnel, philosophique et libĂ©rateur avec Du pain pour toutes les bouches 1963. Ătait-il conscient des limites du texte mĂ©diĂ©val ? Sâaperçut-il que leur transfert dâun Moyen Ăge arabe non maĂźtrisĂ©, mais nĂ©anmoins rĂȘvĂ©, Ă un prĂ©sent qui ne sait pas encore sur quel pied danser, ne mettrait pas fin Ă âlâĂ©trangetĂ©â de cet art dans le monde arabe ? 31 On peut en lire la traduction dans Les Mille et une Nuits, cit., vol. I, p. 261-292. 32 On trouvera la traduction de quelques passages dans Jacques Berque, Musique sur le fleuve. Les plus belles pages du KitĂąb al-AghĂąnĂź, Paris, Albin Michel, 1995. 33 Introduction Ă al-FarĂąfĂźr Les Scapins, Le Caire, Maktabat Misr, 1984, p. 7. 34 En arabe marocain sltĂąn ÉtÉlba. Câest une sorte de cĂ©rĂ©monie qui avait lieu au printemps derriĂšre les remparts des grandes villes universitaires marocaines FĂšz, MarrakechâŠ. Pendant trois jours, le roi du Maroc cĂ©dait symboliquement son pouvoir Ă un Ă©tudiant, qui formait un gouvernement parodiant le rĂŽle dâun conseil dâĂtat. Lâhumour pouvait parfois se transformer en critique de la politique en vigueur. 35 Pour une Ă©tude exhaustive en français, voir la thĂšse encore inĂ©dite de Batoul Jalabi-Wellnitz, Les ParamĂštres de lâĂ©nonciation dans la deuxiĂšme pĂ©riode du théùtre de Saâdallah Wannous, Lyon, UniversitĂ© LumiĂšre II, 12/2003. 36 Beyrouth, DĂąr al-ĂądĂąb, 1996. Ce texte est traduit de lâarabe Syrie par Rania Samara, Marie Elias, Hanan Qassab-Hassan, Miniatures, suivi de Rituel pour une mĂ©tamorphose, Arles, Actes Sud, Papiers, 1996. Malheureusement, nous nâavons pas pu la consulter. 37 E. Piscator 1993-1963, lâun des premiers Ă avoir adoptĂ© le théùtre documentaire, pense que la fiction est trop idĂ©aliste et apolitique pour faire une Ćuvre dramatique de qualitĂ©, il convient donc de lây rĂ©duire au minimum. P. Weiss 1916-1982 prĂ©fĂšre, quant Ă lui, un Ă©quilibre rĂ©ussi entre le document et la fiction, voir sa piĂšce maĂźtresse Die Ermittlung 1965, Ă©crite Ă partir des notes quâil a prises pendant le procĂšs des criminels dâAuschwitz Francfort, 1964, traduite en 1966 par J. Baudrillard sous le titre LâInstruction. 38 Câest une sorte dâhistoire universelle quâIbn KhaldĂ»n considĂšre comme lâĆuvre majeure de son Ă©poque. Le titre arabe est aussi vaste que lâambition de son auteur KitĂąb al-âIbar wa dĂźwĂąn al-mubtadĂą wa-l-khabar fĂź ayyĂąm al-âArab wa-l-âAjam wa-l-barbar wa man âĂąsarahum min dhawĂź al-sultĂąn Le Livre des Exemples et le Recueil du dĂ©but et de lâhistoire des Arabes, des non-Arabes et des BerbĂšres, ainsi que de leurs contemporains les plus puissants. Les traductions en langues europĂ©ennes, partielles ou complĂštes, de cette Ćuvre gigantesque, sont nombreuses. En français, Ibn KhaldĂ»n est entrĂ© dans la BibliothĂšque de la PlĂ©iade grĂące Ă A. Cheddadi Le Livre des Exemples. I Autobiographie & Muqaddima, Paris, Gallimard, 2002. 39 Nous pouvons lire les dĂ©tails de cette rencontre dans la traduction de A. Cheddadi, op. cit., p. 232-244. 40 Sur cette thĂ©orie et son importance dans le systĂšme khaldĂ»nien, voir infra. 41 Le titre mĂ©rite Ă lui seul une Ă©tude Ă part. Pourquoi Wannous a-t-il choisi ce titre, qui relĂšve dâun art ayant fait couler beaucoup dâencre, de peinture et⊠de sang ? Lâart de la miniature est dâabord un phĂ©nomĂšne artistique persan. Les premiĂšres miniatures conservĂ©es sont du XIe siĂšcle. Avec la conquĂȘte mongole au XIIIe siĂšcle, cet art va subir une forte influence chinoise, se propager partout dans les mondes persan et turc, ainsi que dans toutes les provinces que les Mongols vont dominer, dont la province de Syrie. Est-ce un hasard si Wannous traite du sac de Bagdad en faisant allusion Ă un art dans lequel les Mongols ont excellĂ© et quâils ont marquĂ© de leur empreinte ? Pour le dĂ©veloppement de cet art jusquâau XVIIIe siĂšcle, voir De Bagdad Ă Ispahan, Manuscrits islamique de lâInstitut dâĂtudes orientales, Filiale de Saint-PĂ©tersbourg, AcadĂ©mie des Sciences de Russie, Fondation Arch Lugano, Paris-MusĂ©es Paris, Electa Milan, 1994 ; pour suivre les conflits culturels et idĂ©ologiques que lâĂ©volution de cet art a suscitĂ© dans la rĂ©gion, lire Ă©galement le roman dâOran Pamuk, Mon nom est Rouge, Paris, Gallimard, 2001. 42 Peut-ĂȘtre Wannous cherche-t-il ici Ă ne pas idĂ©aliser Ă lâexcĂšs ce religieux. Son sens du devoir, sa sincĂ©ritĂ© et son combat â aussi bien contre lâennemi que contre les religieux dĂ©voyĂ©s â, ne doivent faire perdre de vue quâil est un homme du passĂ©, attachĂ© Ă un Islam rigoriste. 43 Les Mutazilites Ă©taient au Moyen Ăge un groupe thĂ©ologique rationaliste. Ils considĂ©raient en effet la raison comme seule source de la connaissance et de la religion. Ils dĂ©fendaient lâidĂ©e selon laquelle lâhomme est libre absolument, sans quoi la rĂ©compense et la sanction divines nâauraient pas de sens. 44 Voir son introduction au Livre des Exemples, p. XXIX. 45 Câest ainsi que nous traduisons âilm al-âUmrĂąn. Le âumrĂąn est une autre notion clef dâIbn KhaldĂ»n, qui traverse toute son Ćuvre al-Muqaddima, mais sans quâon puisse en trouver une dĂ©finition unique et claire. La science mĂȘme dont Ibn KhaldĂ»n jette les bases est la science du âumrĂąn. Il renvoie Ă ce mouvement qui se dĂ©veloppe selon des rĂšgles bien prĂ©cises, de la plus simple des sociĂ©tĂ©s â la sociĂ©tĂ© Ă lâĂ©tat dâanimalitĂ© » â Ă la sociĂ©tĂ© la plus complexe quant Ă ses institutions et ses lois, la civilisation al-hadĂąra. Pour le dire avec M. MahdĂź, le âumrĂąn est Ă considĂ©rer comme un processus qui va de la notion de sâĂ©tablir » sur la Terre jusquâĂ la notion dây poser des lois », en passant bien sĂ»r par la notion de lâoccuper, la faire fructifier et prospĂ©rer » Ibn KhaldĂ»nâs Philosophy of History. A Study in the Philosophic Foundations of the Science of Culture, Chicago, The University of Chicago Press, 1957, p. 184-185. 46 Wannous ne donne pas de numĂ©ro Ă ce dĂ©tail, il le nomme dernier dĂ©tail ». 47 Petit organon pour le théùtre, traduit par Jean Tailleur, Paris, LâArche, 1978, p. 57. 48 Patrice Pavis, Dictionnaire du théùtre, Paris, Armand Colin, 2004, voir sous Distanciation », p. 99. 49 Ibid., p. 99. 50 Les dĂ©tails, les anecdotes et le texte de lâancien historien » ne remettent en aucun cas en cause le texte dâIbn KhaldĂ»n. Et lorsque celui-ci prend la parole dans la piĂšce de Wannous, il rĂ©utilise son texte. MĂȘme des dĂ©tails trĂšs futiles, tels que les cadeaux quâil fait Ă Tamerlan, sont reproduits tels que dans le texte original. 51 Il est arrivĂ© Ă ce poĂšte de lire ses poĂšmes devant 12 000 personnes dans un stade de football en Syrie. LâĂ©volution de son Ćuvre vers une poĂ©sie de moins en moins directe et de plus en plus intĂ©rieure nâa pas fait fuir le public, et Ă chaque fois quâil se dĂ©place dans une capitale arabe, on prĂ©voit de grandes salles, voire de grands théùtres, pour permettre Ă ses lectures de se dĂ©rouler dans de bonnes conditions. Ce phĂ©nomĂšne du poĂšte qui âse donne en spectacleâ en lisant ou en dĂ©clamant sa poĂ©sie devant un public des spectateurs ? trĂšs nombreux mĂ©rite une Ă©tude Ă part. Ă notre connaissance, rien nâexiste sur ce phĂ©nomĂšne auquel nous pourrions renvoyer le de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Aziz Hilal, RĂ©appropriation du passĂ© le théùtre arabe face aux textes mĂ©diĂ©vaux », Babel, 15 2007, 87-126. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Aziz Hilal, RĂ©appropriation du passĂ© le théùtre arabe face aux textes mĂ©diĂ©vaux », Babel [En ligne], 15 2007, mis en ligne le 02 aoĂ»t 2012, consultĂ© le 22 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
Tu vois Clara, un couple, c'est ça. La franchise, la sincĂ©ritĂ©. La recherche de solutions ensemble. Nestorino et Kiliem sont de bons conseils. Mon premier message nâĂ©tait pas un jugement moral, merci de lâavoir compris et quand je disais que lundi tu ne serais pas la mĂȘme femme, je ne voulais pas dire que tu serais la femme adultĂšre, mais que tu serais celle qui devra dĂ©sormais mentir Ă ton mari. Lui mentir chaque heure du jour et de la nuit. Faire lâamour avec lui alors que tu auras envie dâĂȘtre avec lâautre. Attendre avec impatience la fin des vacances pour retrouver lâautre. Ton couple est en grand danger et câest ce qui mâattriste parce que jâai vĂ©cu cette situation et plusieurs fois. Je ne suis pas dâaccord avec celui qui dit que le flit et lâacte câest la mĂȘme chose. Le touche pipi et les baisers, câest grave en ce sens que câest le dĂ©but de la tromperie mais ce nâest pas irrĂ©mĂ©diable, ça peut rester au rayon des jeux entre ados et ensuite Ă celui des souvenirs. Cela nâengage pas la vie entiĂšre. La possession par contre, câest le point de non retour. Ecoutons les mots de la langue française, ils sont parlants La femme se donne » Ă un homme qui la prend ». Cet acte est tout sauf anodin. Ce mec va te prendre Ă ton mari. Pour lui, le mec, câest de peu dâimportance, il est certainement habituĂ© Ă faire ça. Pour lui, mariĂ© et deux enfants, une femme est un terrain de sport et de jeu, pas un ĂȘtre humain. Tu es une de plus Ă son palmarĂšs, mais pourtant tu es un ĂȘtre humain, le fait dâĂȘtre venue poster ici avant lundi le montre. Câest plus honnĂȘte que ce que font la plupart des femmes qui viennent ici nous raconter quâelles ont craquĂ© il ya trois mois et quâelles regrettent, quâelles vivent lâenfer parce quâelles nâarrivent pas vivre une double vie. Au moins que cette attirance soit lâoccasion de te poser les bonnes questions. Tu as Ă©tĂ© fidĂšle 5 ans et comme par hasard, moins dâun an aprĂšs le mariage, tu ne lâes plus ? Es-tu sĂ»re que tu ne regrettes pas dâavoir Ă©pousĂ© un homme de 20 ans de plus ? As-tu envie dâavoir un enfant avec lui ? Tout est vraiment merveilleux avec lui ? Tu demandes si une vie sexuelle moins excitante quâau dĂ©but suffit Ă expliquer le dĂ©rapage. La rĂ©ponse est OUI. Perso jâai Ă©tĂ© fidĂšle Ă ma premiĂšre femme 12 ans. DĂ©rapage, divorce. Pourtant nous nous aimions. Jâai Ă©tĂ© fidĂšle Ă la deuxiĂšme 15 ans et puis une femme est apparue et immĂ©diatement coup de foudre et des annĂ©es de problĂšmes ensuite. Pourtant lâamour Ă©tait bien prĂ©sent. Alors ce qui mâattriste, ce nâest pas que tu fasses ceci ou cela avec un don Juan de salle de sport, câest que tu mettes en grand danger ton couple. Ne crois pas une seconde que ce sera un coup sans lendemain, juste pour sâen passer le fantasme. Tu nâes pas de ces femmes qui peuvent faire ça. En plus le mec est sans doute habile et tu vas grimper aux rideaux, tu vas y prendre goĂ»t, ĂȘtre de plus en plus amoureuse de lui, sans espoir. Enfin, ce que je sais câest quâil nây a pas de couple durable sans confiance. Et tu vas rompre la confiance que ton mari avait en toi. Mon avis câest que 1- Tu dois annuler ce rendez vous de lundi. Tu pourras toujours retrouver le mec aprĂšs les vacances si tu y tiens, mais lĂ il te faut te donner le temps de la rĂ©flexion et le fait que tu sois venue demander conseil ici me fait penser quâil nâest pas trop tard. 2 â Tu devrais dire Ă ton mari que vous avez un problĂšme. Que tu es attirĂ©e par un autre homme, que tu nâas pas cĂ©dĂ© mais que tu te sens en danger et que vous avez le temps des vacances pour rĂ©soudre la question en faisant le point sur vous, sans concession et sans tabou. Assumer tes dĂ©sirs et tenter de rĂ©soudre le problĂšme avec ton mari, pas en cachette dans une chambre dâhĂŽtel. LâadultĂšre est la pire des rĂ©ponses aux problĂšmes dâun couple. Si tu as un vrai couple, tu dois rĂ©soudre ton problĂšme AVEC ton mari et non CONTRE lui/ Le rĂ©sultat de la discussion sera peut-ĂȘtre la sĂ©paration, mais ce sera la tĂȘte haute des deux cĂŽtĂ©s. Le rĂ©sultat pourra ĂȘtre au contraire que vous allez vous retrouver comme les premiĂšres annĂ©es et repartir plus forts. Les vacances sont un bon moment pour cela. Le rĂ©sultat peut-ĂȘtre aussi, câest plus rare mais ça existe, que vous passiez un deal et que ton mari te laisse une part de libertĂ©, si pendant les vacances vous ne retrouvez pas la passion des dĂ©buts. Câest un jeu dangereux mais certains couples vivent ainsi. Au moins il nây a pas de mensonge et de cachotteries. Si tu ne fais pas ça, ton couple sera celui dâun homme bafouĂ© par une menteuse. DĂ©solĂ© si je suis un peu cru, mais câest pourtant la rĂ©alitĂ©. Si ton mari est un type bien et si tu le respectes, tu lui dois au moins la franchise. Tu dois pouvoir le regarder droit dans les yeux et te regarder dans ton miroir sans honte tous les matins. A toi de voirâŠou de te voiler la face. C'est un choix.
Mounine guenonâ PostĂ© par le 29 Oct 2013 dans m 0 comments Mounine Sexe de la femme » est un dĂ©rivĂ© de mona guenon ». LâĂ©tymologie de mona est lâarabe maimun singe », mot introduit dans presque toutes les langues romanes par le commerce des singes. italien maimone, catalan gat maimĂł, mĂłna, espagnol et portugais mono, mona, italien et espagnol monina. Les deux mots monne et monine ont aussi existĂ© en français. Cotgrave 1611 Ă©critLâĂ©volution de la forme maimon attestĂ©e en ancien occitan 1339 vers mona sâexplique par la chute de la premiĂšre syllabe sentie comme une rĂ©duplication. La premiĂšre attestation de monina 1470 vient du provençal Avignon et ce dĂ©rivĂ© est surtout rĂ©pandu dans le domaine occitan. Plusieurs sites marseillais donnent uniquement le sens sexe de la femme1 . Couillon de la mounine Simple dâesprit » VĂ© le, ce couillon de la mounine qui fait pas la diffĂ©rence entre un 51 et un Casa ». Variante moumoune. Ci-dessous lâarticle mounino de Mistral, vous voyez que le sens du mot a Ă©voluĂ© depuis le 19e siĂšcle Dans son article enserta greffer » il cite en plus lâexpression enserta no mounino reboire avant dâĂȘtre dĂ©grisĂ© ». la calanque Mounine Mona, monine et les autres dĂ©rivĂ©s de maimun singe » se trouvent dans tout le domaine galloroman. Pour le moyen français voir 6 articles dans le DMF. DâaprĂšs la classification du FEW XIX, 115 il y a dans les parlers galloromans une douzaine de significations figure ou femme laide, par ex. bĂ©arnais moune grimace, boudeur, maussade, par ex. dans le Tarn mounĂĄ bouder », PĂ©zenas mouninĂĄ fantĂŽme dans le PĂ©rigord mounardo mort » enfant, jeune par ex. Paris mounin petit garçon, apprenti » sexe de la femme par ex. dans le Rouchi et en argot moniche vieille vache, par ex. dans le Cantal mona vieille vache quâon engraisse » ivresse, par ex. AlĂšs mounino, Montpellier carga la mouninĂ sâenivrer » sourd nigaud, par ex. Ă Lyon mounin sot, nigaud » poupĂ©e , par ex. Ă Lescun mounĂĄko chatte , par ex. Ă Toulouse mouna, Ă Barcelonnette mounet, en Limousin mounasso autres animaux , par ex. en provençal mouno gadus merlangus », mouna Ă Nice et Ă Palavas. Toponymie. Devinez quel sens est Ă lâorigine du toponyme. Un indice â Calanque Mounine trĂšs belle photo par Amodalie. Un visiteur me fait parvenir un jolie lĂ©gende sur lâorigine du mĂȘme toponyme situĂ© cette fois dans lâAveyron, le Saut de la mounine Vue sur le chĂąteau de Montbrun au Saut de la Mounine » by Daniel CULSAN â Own work. Licensed under CC BY-SA via Wikimedia Commons. Une jolie histoire Ă insĂ©rer, si cela vous semble opportun, aprĂšs lâarticle mounine » jây suis allĂ© en vacances, Ă Saujac; câest Ă cĂŽtĂ© de Cajarc, lĂ oĂč on trouve le cĂ©lĂšbre Moulinot » de Coluche⊠câest pour ça que mounine », que je nâavais jamais entendu avant, me parle En suivant la D 24 vers Saujac, on dĂ©bouche en haut dâabruptes falaises enface, le chĂąteau de Montbrun et un large mĂ©andre du Lot. Le saut de la Mounine tire son nom dâune vieille lĂ©gende. Un ermite, au retour dâun pĂšlerinage Ă Compostelle sâĂ©tait retirĂ© dans une grotte en compagnie dâune mounine une guenon. Le sire de Montbrun ne pouvant accepter lâamour de sa fille Ghislaine pour le fils de son pire ennemi jure quâil aimerait mieux la voir se prĂ©cipiter dans le vide. La fille vint confier ses malheurs Ă lâermite. Celui-ci sacrifia la guenon vĂȘtue des habits de Ghislaine, en la prĂ©cipitant du haut de la falaise, pour simuler sa mort. Le chĂątelain est bouleversĂ© Ă la vue de la dĂ©pouille quâil croit ĂȘtre de sa fille. Le stratagĂšme dĂ©voilĂ©, il accorde le pardon et sa main au jeune galant. PessugĂ "pincer" PostĂ© par Robert Geuljans le 22 Jan 2012 dans p 0 comments Pessuguer pincer, attraper ». en français rĂ©gional. LâĂ©tymologie est une racine *pints- saisir, pincer » rĂ©pandue dans les langues romanes ; une variante sans nasale *pits- se trouve dans les langues romanes et germaniques, comme dans mon parler natif Roermond, NL pitsen pincer », en wallon pici et en italien pizzicare. Un fidĂšle visiteur nĂźmois mâa signalĂ© cette expression qui dâaprĂšs lui se dit souvent chez les paysans de la rĂ©gion pessuguer qui veut dire attraper ». Je retrouve le mot sur internet, le plus souvent avec un sens proche de pincer ». Selon Alibert la forme langedocienne est pecigar pincer, attraper ». A La Seine-sur-mer Pessuguer Prov. pessuga Pincer. Signifie Ă©galement au fig. prendre sur le fait, arrĂȘter. Vairolatto le Garde, lui, sâil en pessugue un, il lui fera passer un mauvais quart dâheure. Voir aussi lâexpression les mounines doivent le pessuguer ! En occitan nous ne trouvons que des dĂ©rivĂ©s de *pits. La premiĂšre attestation date du XIIe siĂšcle. Dans le Lexique de 1 Le verbe pessugar et les dĂ©rivĂ©s comme pessugado pincĂ©e, petite quantitĂ© », pessuc pinçon; pincĂ©e » se trouvent en provençal, languedocien et gascon. Nous le retrouvons en catalan pecigar pincer » et lĂ©gĂšrement dĂ©formĂ© sous lâinfluence de pellis peau » en espagnol pecilgar, ainsi que dans les parlers nord-italiens, piemontais pessiĂš pincer » et gĂȘnois pessigĂ piquer ». Comme composĂ© il y a surtout le verbe espessugĂ pincer » qui a pris dans lâAveyron le sens Ă©plucher quelque chose quâon mange sans appĂ©tit » et lâadjectif espessugaire. _______________________________ Français rĂ©gional, la Cigale et la Fourmi PostĂ© par Robert Geuljans le 26 DĂ©c 2013 dans f 0 comments Plusieurs visiteurs ont eu la gentillesse de mâenvoyer la fable LA CIGALE ET LA FOURMI façon provençale !!! Ă©crite par Caldi Richard . Je crois quâelle voyage librement sur le web. Une excellente occasion pour moi de mâen servir pour illustrer la notion de français rĂ©gional. Mode dâemploi gras rouge = lien vers lâarticle dans mon site. gras bleu = note en bas de page. gras marron = lien vers le TrĂ©sor de la langue française TLF. CIGALE ET LA FOURMI façon provençale ! par Caldi Richard ZĂ©zette, une cagole de lâEstaque, qui nâa que des cacarinettes dans la tĂȘte, passe le plus clair de son temps Ă se radasser la mounine au soleil ou Ă frotter avec les cĂ cous1 du quartier. Ce soir-lĂ , revenant du baletti2 oĂč elle avait passĂ© la soirĂ©e avec DĂ©dou, son bĂ©guin, elle rentre chez elle avec un petit creux qui lui agace lâestomac. Sans doute que la soirĂ©e passĂ©e avec son frotadou lui a ouvert lâappĂ©tit, et ce nâest certainement pas le petit chichi quâil lui a offert, qui a rĂ©ussi Ă rassasier la poufiasse. Alors, Ă peine entrĂ©e dans sa cuisine, elle se dirige vers le rĂ©frigĂ©rateur et se jette sur la poignĂ©e comme un gobi sur lâhameçon. LĂ , elle se prend lestoumagade3 de sa vie. Elle sâĂ©crie â » Putain la cagade! y reste pas un rataillon4, il est vide ce counas. En effet, le frigo est vide, aussi vide quâune coquille de moule qui a croisĂ© une favouille. Pas la moindre miette de tambouille. Toute estransinĂ©e5 par ce putain de sort qui vient, comme un boucan, de sâabattre sur elle, ZĂ©zette rĂ©signĂ©e se dit â » TĂš vĂ©, ce soir pour la gamelle, câest macari, on va manger Ă dache6 . Câest alors quâune idĂ©e vient germer dans son teston. â » Et si jâallais voir Fanny ! se dit-elle. â » En la broumĂ©geant un peu je pourrai sans doute lui resquiller un fond de daube . Fanny câest sa voisine. Une pitchounette brave et travailleuse qui nâa pas peur de se lever le maffre7 Aussi chez elle, il y a toujours un tian qui mijote avec une soupe au pistou ou quelques artichauts Ă la barigoule. ZĂ©zette lui rend visite. â » Bonsoir ma belle, coumĂ© sian ! Dis-moi, comme je suis un peu Ă la dĂšche en ce moment, tu pourrais pas me dĂ©panner dâun pĂ©ton de nourriture ! Brave comme tu es, je suis sĂ»re que tu vas pas me laisser dans la mouscaille. En effet, Fanny est une brave petite toujours prĂȘte Ă rendre service. Mais si elle est brave la Fanny elle est aussi un peu rascous = rascas teigneux »? et surtout elle aime pas quâon vienne lui esquicher les agassins quand elle est en train de se taper une grosse bugade; ça câest le genre de chose qui aurait plutĂŽt tendance Ă lui donner les brĂšgues. Alors elle regarde ZĂ©zette la manjiapan8 et lui lance â » Oh collĂšgue ! Tu crois pas que tu pousses le bouchon un peu loin ? Moi !!!, tous les jours je me lĂšve un tafanari comaco pour me nourrir ! et toi pendant ce temps lĂ , quâest-ce que tu fais de tes journĂ©es? â » Moi !!???? , lui rĂ©pond la cagole â » Jâaime bien aller mâallonger au soleil ! ça me donne de belles couleurs et ça mâĂ©vite de mettre du trompe couillon. » â » Ah ! Tu aimes bien faire la dame et te radasser la pachole9 au soleil, et bien maintenant tu peux te chasper. â » Non mais ???!!!! , quâesâaco ? Câest pas la peine dâessayer de me roustir10 parce que câest pas chez moi que tu auras quelque chose Ă rousiguer, alors tu me pompes pas lâair, tu tâesbignes et tu vas te faire une soupe de fĂšves. Texte de Caldi Richard _________________________________________
Amis de la langue française, bonjour. Quâobtient-ton quand on met bout Ă bout plein de mots sur lesquels on fait toujours des fautes ? Des expressions pleines de fautes. Il existe ainsi une quantitĂ© astronomique dâexpressions que lâon a grand mal Ă orthographier, et cela ne sâexplique pas forcĂ©ment par notre illettrisme naturel, mais tout simplement parce que quand on ne connait pas le sens original dâune expression, câest parfois difficile de bien lâĂ©crire. 1. Au temps pour moi/toi/ta sĆur Eh oui cette expression fait rĂ©fĂ©rence Ă lâespace-temps celui oĂč tu viens tout juste de dire de la merde qui est Ă reprendre pour toi et non âautant pour toiâ qui nâa aucun sens. 2. Sabler une bouteille Sâil est tentant dâĂ©crire âsabrerâ sachez que les deux expressions sont possibles elles nâont juste pas le mĂȘme sens. Sabler une bouteille, câest la boire rapidement. Sabrer une bouteille, câest lâouvrir dâun coup sec avec un objet tranchant. Rééééévéééééélatiiiiiiions. 3. Par acquit de conscience Et non âacquisâ, comme je lâai personnellement cru jusquâau mois dernier, la preuve que mĂȘme un rĂ©dacteur Ă Topito peut sombrer dans la honte linguistique. En effet, ce nâest pas parce quâon Ă âtrop de conscience acquiseâ quâon agirait par âacquiS de conscienceâ ce qui ne voudrait rien dire. En revanche, câest pour sâacquitter dâun Ă©ventuel problĂšme quâon agit par âacquit de conscienceâ, nettement plus logique vous conviendrez. 4. Câest lĂ que le bĂąt blesse Bon mĂȘme si clairement personne nâutilise cette expression pour dĂ©voiler la cause dâun souci, les quelques rĂ©sistants du monde moderne ne savent pas toujours sâil faut Ă©crire âbĂątâ ou âbasâ. En fait, âbĂątâ renvoie Ă lâobjet qui permet de charger un Ăąne par exemple, or si le bĂąt est dĂ©faillant, tout dĂ©gringole. 5. Dâun commun accord Si tu nâes pas sous mental comme moi, tu ne te sentiras peut-ĂȘtre pas concernĂ©/e par cette expression. Eh bien sache quâil se pourrait que certaines personnes Ă©ventuellement diminuĂ©es aient longtemps cru quâon disait âdâun commun dâaccordâ, dans le sens dâun âdâaccordâ dit en commun. Oui je sais, câest dur, je me fais soigner depuis. 6. En deux temps trois mouvements Tout comme lâexpression âau temps pour moiâ, celle-ci trouve son origine dans le jargon militaire âAu temps !â, on nâĂ©crit donc pas âEn deux en trois mouvementsâ surtout que dans ce cas on prononcerait âen deux ans trois mouvementsâ et QUE CA VOUDRAIT ENCORE MOINS DIRE QUELQUE CHOSE. 7. Je te saurai grĂ© Il faut juste retenir quâon n' »est » pas grĂ© de quelquâun, mais quâon lui sait » grĂ©. Et mĂȘme si saurai/serai se ressemblent farouchement proche, ça nâa rien Ă voir donc calme tout de suite tes ardeurs. 8. Faire bonne chĂšre Et pas âfaire bonne Cherâ, expression qui sâappliquerait aux imitateurs de la chanteuse, et encore moins âfer bonne chĂšreâ ce qui ne voudrait tout simplement rien dire. En fait, la confusion rĂ©elle se fait entre âchairâ et âchĂšreâ vous lâaurez compris. Lâexpression qui veut dire aujourdâhui âfaire un bon repasâ nâavait au dĂ©part rien Ă voir avec la bouffe. âChĂšreâ qui vient du latin de âvisageâ voulait en fait dire âfaire bon visageâ, soit un bon accueil. Câest bon, tâas compris maintenant ? 9. Avoir affaire Ă quelqu'un MĂȘme si câest presque irrĂ©sistible dâĂ©crire Ă faire », en rĂ©alitĂ© il sâagit dâavoir une affaire Ă rĂ©gler avec quelquâun. Reviens dans le droit de chemin, brebis Ă©garĂ©e. 10. Une maison de plain-pied On serait tentĂ©s dâĂ©crire âde plein piedâ pour une maison dans laquelle on rentre avec les pieds. On comprend toutefois assez vite quâon rentre dans nâimporte quel lieu avec les pieds sauf si on est amputĂ©s des deux jambes, bien entendu. âPlain-piedâ renvoie Ă la plaine et dĂ©signe donc une maison oĂč toutes les piĂšces sont au mĂȘme niveau que la plaine. 11. Bayer aux corneilles Et non pas âbĂąiller aux corneillesâ bande de dĂ©saxĂ©s. En effet, lâexpression qui signifie ârĂȘvasserâ repose sur le verbe latin âbatareâ qui renvoie au son que lâon produit quand on est bouche ouverte. Câest pour cela que bayer veut dire âouvrir tout grandâ. En gros, câest un terme proche du verbe âbĂąillerâ qui renvoie lui aussi au fait dâouvrir la bouche parce quâon est fatiguĂ©. Toujours est-il que pour lâexpression câest âbayerâ qui est restĂ©. Tout ça pour dire que maintenant tu devrais avoir envie de bĂąiller. HIHIHI. 12. Rendre la pareille Câest pourtant pas compliquĂ© bordel ! On rend la pareille, câest-Ă -dire quâon rend ce quâon nous a donnĂ©. Tu mâas prĂȘtĂ© du sel, je te prĂȘte du poivre, logique quoi sauf si tu es allergique au poivre auquel cas câest Ă comprendre comme une façon de te nuire physiquement. Alors pourquoi voudrait-on croire que câest lâappareil quâon rend ? HEIN ? 13. DĂ©couvrir le pot aux roses Parce que le pot aux roses est au dĂ©part une boĂźte dans laquelle les femmes rangeaient leur parfum et des petits mots secrets. Et contre toute attente, ça ne ressemblait pas du tout Ă un poteau rose. Nope. 14. Bandes annonces Oui câest surprenant mais il semblerait quâun des rĂ©dacteurs de Topito dont je prĂ©fĂšre taire lâidentitĂ©, a une camarade qui nâaurait toujours pas intĂ©grĂ© le concept de bande annonce » et lui prĂ©fĂšre lâexpression bande dâannonces », ce qui est plus Ă©tonnant câest que ladite personne nâa pas 5 ans.
comme tu fais on te fera ecrit en arabe